Jupiter

C’est en tout cas ce que nous sommes portés à croire depuis l’intervention du président de la République devant les rectrices et les recteurs pour la rentrée scolaire...

 Le président aux rectrices et aux recteurs : le projet d'école n'existe pas, puisque je ne l'ai pas vu !

En effet, il n’a pas hésité à déclarer « On m'a dit : il y a déjà des projets d'établissement. Ça fait 5 ans que je suis président de la République, je n'étais pas au courant. Demandez à beaucoup de directeurs, ils ne sont souvent pas au courant… ».

Non, décidément Monsieur le Président, malgré les gesticulations dont vous avez accompagné vos propos, ceci ne suffit pas à le rendre crédibles. Peut-être les conseillers qui ont préparé vos fiches ont-ils négligé le Code de l’Éducation qui précise de manière très explicite ce qu’est le projet d’école ou d’établissement :

Article L401-1 / Modifié par LOI n°2019-791 du 26 juillet 2019 - art. 38 (V)
Version en vigueur depuis le 02 septembre 2019
Dans chaque école et établissement d'enseignement scolaire public, un projet d'école ou d'établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. Le projet est adopté, pour une durée comprise entre trois et cinq ans, par le conseil d'école ou le conseil d'administration, sur proposition de l'équipe pédagogique de l'école ou du conseil pédagogique de l'établissement pour ce qui concerne sa partie pédagogique.
Le projet d'école ou d'établissement définit les modalités particulières de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux et précise les activités scolaires et périscolaires qui y concourent. Il précise les voies et moyens qui sont mis en œuvre pour assurer la réussite de tous les élèves et pour associer les parents à cette fin. Il détermine également les modalités d'évaluation des résultats atteints.
Conformément à l'article 38, II de la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 : Lorsque des expérimentations ont été autorisées sur le fondement de l'article L. 401-1 du code de l'éducation dans sa rédaction antérieure à la présente loi, elles se poursuivent jusqu'au terme de la période pour laquelle elles ont été autorisées.
Conformément à l'article 63 de la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019, ces dispositions entrent en vigueur à la rentrée scolaire 2019.

 

On peut aussi utilement rappeler que dès 1989 la Loi d’orientation pour l’École élaborée sous l’autorité du ministre Lionel Jospin mettait en place le projet d’école et d’établissement dans son article 18 :

 Art. 18. - Les écoles, les collèges, les lycées d'enseignement général et technologique et les lycées professionnels élaborent un projet d'établissement. Celui-ci définit les modalités particulières de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux. Il fait l'objet d'une évaluation. Il précise les activités scolaires et périscolaires prévues à cette fin.
Les membres de la communauté éducative sont associés à l'élaboration du projet qui est adopté par le conseil d'administration ou le conseil d'école, qui statue sur proposition des équipes pédagogiques pour ce qui concerne la partie pédagogique du projet.
Des établissements peuvent s'associer pour l'élaboration et la mise en œuvre de projets communs, notamment dans le cadre d'un bassin de formation.

Ainsi, depuis plus de trente ans des inspecteurs, mais aussi des IA-DASEN, des recteurs et, surtout, des enseignants se sont engagés pour… rien ! Puisque le président nous le dit : le projet d’école n’existe pas ! Ou plutôt, il n’existait pas, car aujourd’hui tout cela va changer. Jupiter ouvrit les bras et dit « Que le projet d’école soit ! » et le projet d’école fût. Quand on pense que quelques détracteurs de mauvaise foi prétendent que le président ferait preuve de verticalité dans son analyse.
Les plus optimistes parleront peut-être de la « vision » présidentielle pour l’École… Sans doute faudrait-il prévoir l’acquisition en masse de lunettes roses pour partager cet enthousiasme… Ou alors, une alternative : et si vous acceptiez, M. le Président, de faire confiance aux professionnels que sont tous les personnels d’éducation, au premier rang desquels j’évoquerai les inspectrices et les inspecteurs, pour construire ensemble, en s’appuyant sur les acquis de ces trente dernières années, des projets pédagogiques qui seraient de véritables outils de pilotage au service des équipes pédagogiques.
La démagogie prétendument participative ne permettra pas de refonder le pacte social entre la Nation et son École. Une grande partie du discours présidentiel ne contribuera qu’à introduire un peu plus de complexité et d’incertitude dans un système éducatif déjà assez perturbé. Donner des marges d’autonomie aux équipes pédagogiques et aux inspecteurs, construire une véritable stratégie de l’évaluation qu’il ne faudrait plus confondre avec la remontée d’information vers la centrale, développer une véritable culture de la confiance… voilà autant de pistes qui pourraient contribuer à une révolution copernicienne… Copernic, vous savez, celui qui a redonné sa juste place à Jupiter au sein du système scolaire… euh, pardon, « solaire ».

 

 

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