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Vous reprendrez bien un petit verre de Blanq…
| « Jean-Michel Blanquer refuse de s’exprimer sur son successeur, Pap Ndiaye, présenté comme un choix de rupture du fait de leurs divergences sur la République et la laïcité. « On s’est lus mutuellement », glisse-t-il simplement à propos de l’ancien directeur du musée de l’histoire de l’immigration. Le ministre sortant veut croire que la continuité sera de mise, Rue de Grenelle, grâce à la nomination d’un proche, Jean-Marc Huart, comme directeur de cabinet, et que l’histoire lui rendra justice, malgré la « campagne de presse lamentable » dont il estime avoir été l’objet à la suite de ses vacances à Ibiza, début janvier, en pleine crise du Covid. » |
En trois phrases, extraites d’un article du journal Le Monde daté du 26/05/2022 sur « le parachutage compliqué du candidat Blanquer dans le Loiret », tout est dit de la morgue de ce grand seigneur injustement condamné à l’exil dans des terres gâtinaises qui ont pour seul attrait de lui offrir - peut-être - « l’héritage » d’un poste de député dans une circonscription tenue depuis 60 ans par la droite ! Il aurait bien sûr été plus noble de mettre ses convictions au service d’un vrai combat démocratique dans une circonscription avec un véritable enjeu politique… car à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !
Non, sa disgrâce ne lui paraît pas être un désaveu de son action politique… mais exclusivement la conséquence d’une « campagne de presse lamentable » à la suite de ses vacances à Ibiza. Pour celui qui fut ministre de l’Éducation nationale, en charge de promouvoir les valeurs de la République, cette accusation est violente car elle dénie aux media le droit et le devoir de dénoncer les turpitudes des gouvernants, comme dans une vulgaire dictature. N’aurait-il pas été plus digne de reconnaître tout simplement une erreur et de faire amende honorable ?
Non, son successeur n’est pas en désaccord avec lui… La preuve c’est qu’ils se sont « lus mutuellement » ! Étrange formule qui laisse penser qu’il suffirait de lire un écrit pour partager son point de vue, mais surtout qui prétend connaître en toute immodestie les lectures de l’autre et ses sources d’inspiration. N’aurait-il pas été plus élégant de laisser à Pap Ndiaye lui-même le soin d’exprimer le degré de sa proximité de pensée avec son prédécesseur ?
Non, il n’y aura pas de rupture avec la politique qu’il a mise en œuvre… car c’est un de ses proches qui a été nommé directeur de cabinet. En levant ainsi les doutes qui s’étaient exprimés sur les raisons de cette nomination, l’ancien ministre affirme sans honte que les marges de manœuvre de son successeur seront très réduites car il n’aura pas d’autre choix que de poursuivre les réformes engagées. N’aurait-il pas été plus respectueux de reconnaître au nouveau ministre l’intégralité de ses responsabilités institutionnelles ?
Si l’Histoire garde une trace du ministre Blanquer, il n’est pas certain que ce soit pour la pertinence de ses réformes ou pour sa capacité de dialogue avec les organisations syndicales. Mais ce qui est sûr, c’est que son comportement personnel de ministre et d’ancien ministre n’aura pas été à la hauteur de cette morale républicaine dont il a pourtant si souvent prétendu se faire le « héraut ».
Tribune libre – Andromède – 28 mai 2022