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Chaque rentrée scolaire est marquée par son lot de nouveautés, plus ou moins importantes, plus ou moins utiles, mais surtout toujours plus contraignantes pour les inspectrices et les inspecteurs. Ce n’est donc pas sans une certaine appréhension que nous abordons cette nouvelle année scolaire…

 Déclaration de rentrée du SI.EN UNSA

Certes, nous espérons que la nouvelle circulaire relative aux missions des corps d’inspection sera l’occasion de marquer avec force notre mission première : accompagner les équipes pédagogiques pour les aider à mieux faire réussir tous les élèves. Ce cœur de mission, concentré en quelques mots, devrait largement suffire à nous occuper et nous comblerait car il rendrait à notre travail le sens que nous avons tous la sensation d’avoir perdu. Nous faisons toutefois observer que d’ores et déjà la circulaire de 2015 relative à nos missions fixait un cap cohérent et prometteur, mais qui n’a jamais été atteint. Quelles que soient les qualités d’une circulaire qu’il devient urgent de publier, celle-ci ne sera pas plus efficace que la précédente si elle n’est pas accompagnée, suivie… et respectée par les recteurs. Des textes complémentaires portant sur l’évaluation des inspecteurs et sur l’organisation du travail en académie sont indispensables. Nos représentants nationaux insistent dès à présent sur cette nécessité, mais cette démarche doit aussi être adaptée aux contextes locaux et nous souhaitons que des initiatives académiques impliquant toutes les inspectrices et tous les inspecteurs soient initiées.

Nous n’évoquerons que brièvement les situations ou les projets qui nous inquiètent en cette rentrée. Tout d’abord, bien sûr, c’est la mise en œuvre opérationnelle du PACTE pour les enseignants qui risque de provoquer de fortes tensions au sein des écoles et des établissements du second degré. Nous insistons sur l’impérieuse nécessité de laisser aux personnels le temps dont ils ont besoin pour entrer dans le dispositif. Le double objectif de la valorisation des carrières et de l’amélioration de l’offre éducative constitue une ambition forte, elle deviendrait démesurée si elle n’était pas fondée sur une adhésion des enseignants. Les inspecteurs respecteront cette exigence et se refuseront à toute forme de prosélytisme. C’est du reste cette même exigence qui nous a conduit à refuser de communiquer des chiffres en juillet, alors qu’ils n’étaient nullement stabilisés. Notre position à l’articulation entre les instances décisionnelles du ministère et les équipes pédagogiques qui auront à les concrétiser sur le terrain nous impose des contraintes de loyauté. Celles-ci s’accommodent fort mal des urgences politiques et nous laissons volontiers cette préoccupation à d’autres. C’est loyalement que nous portons les réformes ministérielles, c’est tout aussi loyalement que nous refusons de mentir sur leur réalité observée.

Dans ses récentes déclarations, notre nouveau ministre insiste sur le caractère fondateur de la réforme de la voie professionnelle. Celle-ci s’avère, du reste, tellement structurante que nous n’avons même pas pris le temps d’observer les effets de la transformation de la voie professionnelle qui n’aura guère eu le temps de marquer les esprits ! Au-delà des mots, la mutation permanente de l’enseignement professionnel déstabilise les équipes pédagogiques et place nos collègues inspecteurs en forte tension. L’importance de l’expertise, nécessaire et incontournable, des inspecteurs et des inspectrices dans la réforme apparaît aussi pour la mise en place du PACTE. Les textes publiés en juin montraient bien le caractère particulièrement lourd des responsabilités confiées à nos collègues en ce domaine. Il est donc difficile de comprendre qu’ils ne soient pas pris en compte pour le versement de la prime prévue pour le premier degré à l’instar de ce qui sera versé aux chefs d’établissement. Nous réclamons ardemment une mesure d’alignement pour tous les inspecteurs qui nous semblerait aussi juste que légitime.

Notre organisation syndicale a toujours témoigné de son attachement à une École réellement inclusive au sein de laquelle chaque élève et chaque jeune trouverait sa place, quelle que soit sa situation personnelle. Nous savons bien que cette ambition induit de très fortes contraintes, mais nous les assumons et nous accompagnons de notre mieux les équipes éducatives qui la concrétisent au quotidien. Cependant, il faut aussi cesser de se payer de mots et de faire croire que l’École est inclusive parce qu’elle reçoit tous les élèves. La présence d’un enfant dans une classe ne suffit pas à l’inclure dans la promesse éducative de la Nation. La formation des personnels est primordiale et nous y œuvrons sans cesse. La mise à disposition de ressources humaines pour faciliter les temps de scolarisation est indispensable et nous reconnaissons volontiers que de gros progrès ont été accomplis en ce domaine. Mais le projet éducatif de nombreux jeunes ne peut pas être dissocié d’un projet médical ou social qui ne peut être imaginé que par des professionnels formés et disponibles, ce qui fait actuellement cruellement défaut.

Nous ne pouvons pas ignorer, enfin, le caractère problématique des dispositifs clivants de l’éducation prioritaire. Là où nous souhaiterions que soient imaginées des solutions pour promouvoir une réelle mixité sociale, le ministère ne semble capable de répondre que par des mesures plus ou moins bien ciblées et toujours oublieuses de quelques catégories qui ne peuvent que déplorer l’oubli dans lequel elles sont maintenues. Il devient urgent de rompre avec cette logique ghettoïsante pour projeter une réelle valorisation de tous les territoires, de toutes les équipes pédagogiques et de tous les inspecteurs qui les accompagnent. Les projets du CNR Éducation, présentés dans le cadre de l’opération « Notre école, faisons-la ensemble » sont censés s’inscrire dans cette dynamique. Il reste cependant nécessaire de les articuler avec d’autres dispositifs comme les évaluations externes. Malheureusement, le dévoiement progressif de ces dernières vers des formes technocratiques, les enkyste de plus en plus dans un formalisme garant de leur totale inutilité. Envisagées hier comme une perspective d’évolution, elles sont supportées aujourd’hui comme un mal inévitable et seront détestées demain par des équipes pédagogiques qui n’en voient pas l’intérêt ainsi que par des équipes d’évaluateurs qui en ont perdu le sens.

Nous ne développerons pas ici l’urgence à travailler les transitions qui apparaissent pourtant comme les préoccupations majeures des personnels dans le cadre du baromètre des métiers de l’éducation proposé annuellement par notre fédération l’UNSA Education. La transition numérique, la transition écologique et la crise démocratique sont des thématiques que l’École comme la société ne pourront pas escamoter dans les années à venir.

Tout va-t-il donc si mal et devons-nous prévoir l’acquisition et la distribution massive de Lexomil et de Prozac ? Pas du tout ! Nous avons mieux à vous proposer : laissez vos cadres travailler dans un espace de confiance au lieu de chercher à contrôler de manière tatillonne leur action au quotidien. Pensez en termes de valorisation des richesses humaines plutôt que de gestion des ressources humaines. Libérez les initiatives et renoncez à contraindre les comportements… Ce sera déjà un bon début !

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