Soyons tendance : quelques indicateurs propres à mesurer la performance pour payer les Inspecteurs au mérite
Sera méritant celui qui
- empilera le plus grand nombre de missions
- produira le plus de diaporamas
- visitera le plus souvent le Recteur
- instruira le plus grand nombre de fermetures
- remplira le plus de tableaux (et ceci le plus vite possible)
- rédigera le plus de rapports
- parcourra le plus grand nombre de kilomètres (gratuitement)
- pérorera le plus en divers groupes de pilotage
- affichera le plus volumineux press-book
- opinera du chef le plus fréquemment
- en un mot, celui qui fera du chiffre, sera évalué comme suffisamment lolfdingue.
Léger doute : les dialogues de gestion si mal nommés ne sont-ils pas (un peu) prévus à cet effet (pervers) ?...
La rémunération au mérite est une déréglementation qui fait honte aux services de l’état. Elle rétablit la féodalité clientéliste sous le vernis républicain. Elle cherche à diviser pour mieux robotiser chaque individu. Elle est un nouvel abus de langage, un pas de plus vers l’autocratie qui ne se cache plus. C’est l’imposture institutionnelle sous le masque de la qualité. Conférant la notoriété à l’arrivisme institué comme vertu cardinale, elle asservit les agents et biaise leur mission. L’Inspecteur dont on n’entend jamais parler, qui accompagne la circonscription au quotidien en s’appliquant au dialogue pédagogique (plus qu’à celui de gestion) sans déshumaniser l’Ecole, celui-là ne percevra pas la surcote.
Insuffisamment people (et pipeau), il n’est pas méritant.
Il s’agit de travailler plus pour gagner plus sans autre souci en tête que la forme – l’apparence – en évitant de considérer le fond.
Chacun de nous sait pertinemment que toutes les circonscriptions ne se valent pas ; qu’elles pèsent diversement sur les épaules des Inspecteurs.
Ce pourrait être, ce devrait être un critère pour réduire l’injustice. Mais il ne sera pas retenu : pas assez tendance. Seront institués deux sous-groupes dans l’espèce : les lolfophiles (ne souris pas lecteur, il en existe) et les lolfophobes (nombreux mais le plus souvent muets et dociles).
Soyons tendance jusqu’au bout: dans cette «nouvelle gouvernance», nous dirigeons nous vers le style France Télécom ?
« (...) il fallait nous sauver ou nous perdre à tâtons dans ce temps irréversible ; les événements fondaient sur nous comme des voleurs et il fallait faire notre métier d’hommes en face de l’incompréhensible et de l’insoutenable, (...) entreprendre dans l‘incertitude et persévérer sans espoir. On pourrait expliquer notre époque, on n’empêcherait pas qu’elle ait été pour nous inexplicable, on ne nous en ôterait pas le goût amer » J-P Sartre