Quoi de neuf pour les inspecteurs en cette rentrée ? À part un nouveau ministre, un nouveau directeur de l’encadrement, une nouvelle circulaire missions, le PACTE à accompagner, de nouvelles responsabilités pour les sorties scolaires, une nouvelle réforme de la voie professionnelle qui bouscule la précédente… pas grand-chose ! Surtout si nous nous fions à ce que réclame d’urgence notre hiérarchie locale : des chiffres !... Combien d’enseignants acceptent-ils le PACTE ? Bon, c’est la base, mais souvent la demande est plus exigeante : combien d’enseignants du 1er degré sont-ils prêts à s’engager au collège ? Et combien sont-ils heureux de le faire ? Et combien diraient qu’ils n’auraient jamais pu rêver mieux que le PACTE ? (ici la réponse est plus facile à trouver qu’à faire entendre…). Il y a même une académie où les inspecteurs ont été priés (avec une certaine insistance) de répondre pour le vendredi matin à une enquête qui leur avait été envoyée par courriel le jeudi soir… Vous n’aviez rien de prévu pour cette nuit ?... Cela tombe bien !

Eh oui, « tout changer pour que rien ne change »… Cette fière devise sicilienne pourrait être gravée au fronton de nombreux rectorats ou inspections académiques… Ce n’est pourtant pas ce que nous souhaitons et ce que nous portons. Ce que d’aucuns considèrent comme des concepts lointains et abstraits constituent pour notre syndicat, comme pour notre fédération, des transitions majeures qui devraient être gérées et non subies, ce qui supposeraient une véritable appropriation par le système éducatif. La transition écologique, la transition numérique et la crise démocratique sont des problématiques structurantes pours nos organisations, mais qui semblent bien éloignées des préoccupations de notre hiérarchie. Trop difficiles à chiffrer, sans doute…

Ah, les chiffres ! Voilà qui est sérieux et objectif… ou pas, car il ne faut pas oublier que les chiffres sont interprétés et parfois de curieuse manière. Un exemple ? Parlons des évaluations internationales. La France progresse… Très bien, mais que relève le ministère ? Cette progression serait due à l’impact des mesures mises en place au début du mandat du ministre Blanquer… L’action des enseignants eux-mêmes ? Sans doute un facteur marginal ! Il est bien clair dans la tête des Trissotins de la pédagogie hébergés rue de Grenelle que les enseignants sont des exécutants… comme du reste tous les acteurs de l’éducation. On pense rue de Grenelle, inutile d’aller au-delà. Adaptation, différenciation, prise en compte de la variété des contextes ?... Détails balayés pour tous ceux qui n’attendent que conformité et soumission.

C’est sans doute ce qu’on appelle « l’École de la confiance »… un concept qui sonne bien… peut-être parce qu’il est creux ! La confiance ne s’édicte pas ; elle ne peut être qu’une résultante. C’est l’École du respect qu’il nous faudrait construire pour qu’émerge la confiance. Le respect de nos professionnalités diverses, variées, mais surtout complémentaires au service de la réussite de tous les élèves et les jeunes, voilà ce que nous attendons de nos dirigeants. « Laissez-nous faire notre métier ! », ce n’est pas une question de confiance, mais de respect.

Bien sûr, nous pourrions attendre que ce respect apparaisse spontanément. Il suffirait d’être patient… peut-être très patient… sûrement trop patient ! Il est donc possible d’être un peu plus radical et proactif. Nous pourrions par exemple nous inspirer des gestes barrière que nous avons si bien intégrés pendant la crise sanitaire… Facile ! Nous pouvons essayer ensemble… Se soumettre aux diktats de ceux qui pensent que nous sommes trop peu compétents pour exercer efficacement nos métiers ? NON (bras croisés) ! Rejoindre les syndicats de l’UNSA Éducation pour faire respecter nos professionnalités ? OUI (pouces en l’air) !