Education instruction

Au moment de la Révolution, la concurrence entre ces deux expressions est le reflet d'un conflit idéologique résumé en ces termes par Rabaut Saint-Étienne en 1792 : « L'instruction publique éclaire et exerce l'esprit, l'Éducation nationale doit former le cœur ».

Instruire ou éduquer, quelle responsabilité pour l'Etat ?

La première se limite à l’acquisition des connaissances de base afin de préserver la liberté des opinions et les droits de la paternité. La seconde veut former des « hommes forts, éclairés et vertueux » et insiste davantage sur les activités qui peuvent renforcer le sentiment de fraternité que sur les acquisitions proprement intellectuelles.

Face à des lobbies royalistes et religieux encore très actifs, le mot éducation étant marqué par une connotation d’endoctrinement, la Convention votera un Plan général d’instruction publique et ce terme prévaudra jusqu’en 1932, malgré la volonté de Jules Ferry de « fonder une Éducation nationale sur des notions du devoir et du droit inscrites au nombre des vérités que nul ne peut ignorer ».

Le retour à un ministère de l’Instruction est un marqueur idéologique

Plus de deux siècles après, alors que le contexte est très différent, la distinction entre éducation et instruction reste en France un marqueur des orientations politiques.

Ceux qui proposent le retour à « l’instruction publique » ne le font ni par nostalgie ni par confusion mais par conviction, persuadés que l’acquisition des connaissances académiques doit être le principal moteur d’un système d’enseignement pyramidal dont chaque branche disciplinaire tend vers le Graal de l’agrégation, du doctorat et des grandes écoles.

Dans cet univers impitoyable régi par la méritocratie républicaine, redoublements et examens de passage doivent garantir que rien ne viendra freiner la course des meilleurs et qu’aucune activité inutile ne viendra les détourner de leur but. Quelques exceptions suffisent à donner bonne conscience à un système élitiste qui pour l’essentiel joue en réalité pleinement son rôle de reproduction sociale.

Le parti pris de l’Éducation nationale est l’égalité des chances ...


Face à ces précurseurs d’un monde nouveau résolument moderne, on trouve ceux qui considèrent que l’École peut jouer un rôle de réduction des inégalités, que la mixité sociale est une condition essentielle du vivre ensemble, que la coopération doit prévaloir sur la compétition, que les activités artistiques et culturelles sont importantes dans la formation des individus. Parce qu’ils s’interrogent sur les processus d’apprentissage, tous ces dangereux révolutionnaires sont souvent traités de pédagogistes par ceux qui réduisent l’enseignement à un seul acte de transmission par un professeur distillant son savoir « ex cathedra ».

... mais aussi un vrai défi

Dans cet univers « éducatif », on se heurte évidemment à quelques écueils qui paraissent encore hors de portée. Si le caractère le plus souvent inutile et négatif du re-doublement est maintenant bien établi, il reste encore à résoudre par exemple la question de l’éclatement disciplinaire des enseignements au collège qui est un obstacle à la prise en compte de la diversité des publics accueillis au sein du collège unique.

Une vision régressive et isolée dans le concert mondial

Le choix de vouloir substituer l’instruction publique à l’Éducation nationale est d’autant plus étrange que tous les pays du monde (à l’exception de l’Italie) et toutes les instances internationales utilisent le terme « éducation ».

L’instruction est la marque d’un projet politique où l’État devrait s’occuper seulement d’instruire en laissant aux familles et à l’Église la charge d’éduquer.

En conclusion

Face à des propositions qui font référence à l’efficacité supposée de modèles portant principalement sur la trans-mission des savoirs dans une forme de compétition privilégiant le mérite et l’excellence, notre responsabilité est de convaincre que le rôle de l’École de la République doit viser d’abord à former des femmes et des hommes éclairés pouvant répondre aux multiples défis qui nous menacent. C’est pourquoi nous sommes porteurs d’un projet éducatif humaniste, fondé sur la solidarité, dans le respect et la valorisation des différences, avec un objectif clairement affirmé de réduction des inégalités sociales.

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