Possible pas possible

Un certain consensus s'est établi dans notre pays autour de quelques grands objectifs : prolonger l’âge de la scolarité obligatoire afin d’assurer la maîtrise d'un socle commun de connaissances et de compétences, offrir un premier niveau de qualification professionnelle, permettre à un plus grand nombre de jeunes d’accéder à l’enseignement supérieur, une nécessité dans le monde d’aujourd’hui en pleine mutation numérique et technologique.

 La problématique de l’orientation dans la campagne présidentielle

La question de l’orientation est donc centrale et devrait être abordée par les différents candidats à l’élection présidentielle. Or force est de constater qu’en dehors des mentions à la plateforme Parcoursup qu’il conviendrait ou pas d’abandonner, il y a bien peu de réflexions sur ce sujet. Nous avons axé notre propos essentiellement sur le bilan du quinquennat actuel.

La question de la « liberté de choix » en collège

Le texte de loi sur la « liberté de choisir son avenir professionnel » a constitué un axe majeur de la politique éducative en termes d’orientation menée au cours de ce quinquennat. L’objectif était de permettre à tous les jeunes une orientation choisie, progressive et réversible, d’avoir, comme on dit « le droit à l’erreur ». Dans le même esprit, le pilotage de l’orientation au collège ne devait plus obéir à l’atteinte de normes en termes de taux de passage en seconde GT, mais relever davantage de la logique d’une réduction des écarts entre les demandes des familles et les décisions des conseils de classe. Réduire cet écart, cela peut être effectivement une très bonne chose, mais on sait aussi que les demandes sont conditionnées par le niveau sociologique et que « l’ambition » des familles pour leur enfant n’est pas nécessairement la même d’un milieu à un autre. Valoriser le choix des familles et dépasser la hiérarchisation des voies de formation en les reconnaissant toutes « d’égale dignité », l’intention était louable, certes, mais qu’en est-il réellement ? L’orientation en fin de 3e est-elle vraiment choisie librement par les jeunes ? Les choix d’orientation sont-ils réellement devenus « réversibles » ? En d’autres termes, un collégien qui envisage d’aller effectuer une formation en LP peut-il vraiment librement poursuivre ou repartir en LGT ? Cette liberté en est-elle vraiment une ? Et les voies de formation sont-elles vécues comme étant « d’égale dignité » ? A-t-on vrai-ment éradiqué, aussi bien dans la tête des familles que dans celle des enseignants, l’idée que « la voie royale » après le collège demeurait celle du lycée général et technologique ? On peut en douter.


Transformation de la voie professionnelle et de l’orientation

Au lycée, deux réformes majeures ont marqué ce quinquennat et introduit des évolutions sensibles en matière d’orientation. Dans la voie professionnelle, la Transformation de la voie professionnelle (TVP) s’inscrit dans cette même logique d’un parcours qui se construit dans la durée, d’une orientation progressive et de poursuites d’études notamment vers les STS permettant l’accès à un niveau de qualification supérieur. La notion de « famille de métiers » est une idée judicieuse en ce sens qu’elle doit permettre de choisir en connaissance de cause telle ou telle spécialité et de repousser le choix définitif d’orientation. Mais si c’est toute la famille de métiers qui déplaît peut-on choisir une autre voie d’orientation professionnelle ? Qui dit droit à l’erreur devrait dire aussi droit à réorientation, ce qui, nous le savons, est très difficile dans le système d’orientation et d’affectation actuel. La notion de « passerelle » entre spécialités existe bien mais n’est réellement effective que pour les formations proches les unes des autres et ne permet pas une réorientation globale. La voie pro ne sera réellement « transformée » que si l’orientation vers cette voie ne découle pas d’une décision d’orientation « par la négative », ce qui est encore trop souvent le cas et si les débouchés qu’elle offre sont réellement intéressants en termes de métiers, de salaires…

 

Réforme du lycée général et technologique et orientation

Dans la voie générale et technologique, la réforme du ministre a provoqué bien des remous au sein du monde de l’éducation. Toucher aux sacro-saintes filières des lycées et à l’organisation du baccalauréat, c’est « tabou ». Cette réforme propose une structuration du parcours des élèves qui rompt avec la logique des séries qui prévalait depuis 1965. Elle marque un renversement de la place respective de l’élève et du conseil de classe, le choix des spécialités revenant désormais à l’élève, que ce soit en fin de seconde ou en première et devant permettre une entrée réussie dans l’enseignement supérieur. Favorable à l’idée d’orientation choisie, nous ne pouvons qu’être en accord avec le fait que le choix des spécialités revienne à l’élève. Mais cela permet-il réellement une entrée réussie dans l’enseignement supérieur ? Ne voit-on pas plutôt une aggravation de l’écart entre les bons élèves qui choisissent systématiquement les spécialités « maths » et « physique-chimie » parce que davantage porteuses en termes de débouchés dans le supérieur et les élèves au niveau plus fragile qui choisissent les spécialités dans lesquelles ils sont les plus à l’aise mais qui ne leur permettront pas nécessairement d’accéder à toute formation dans le supérieur ?

Plusieurs candidats proposent de supprimer la plateforme Parcoursup, critiquant à la fois le manque de transparence des critères d’admission des formations sélectives et le manque de place au regard des besoins exprimés par une génération plus nombreuse souhaitant un accès à l’enseignement supérieur. Peu ou aucune propositions alternatives sont proposées.

 

L’orientation et la question de l’accompagnement des élèves dans leur parcours

L’ambition que portait le « Parcours avenir » était une formidable idée mais les heures dédiées sont insuffisantes. Les 48 heures annuelles prévues au collège et les 54 heures en lycée sont notoirement insuffisantes et ne correspondent pas aux besoins d’accompagnement continu de l’élève dans son parcours. L’ouverture de l’École au monde qui l’entoure, la connaissance du monde économique, social et culturel, la prise en compte des évolutions numériques et technologiques, tout cela doit irriguer notre système éducatif. Parallèlement, il faut cesser de ne prendre en compte, chez l’élève, que ses résultats dans les disciplines scolaires mais le considérer dans la globalité de ses compétences, creuser ses intérêts et l’accompagner tout au long de son parcours.

 

En conclusion

Dans le débat sur l’École et la manière de concevoir le parcours des élèves, des lignes de fracture apparaissent nettement. Certains candidats, sous couvert d’un élitisme républicain, prônent le retour à une orientation précoce dès l’âge de 14 ans, renonçant ainsi au développement humain d’une partie de la jeunesse destinée à occuper les emplois périphériques qui ne nécessitent que peu de qualification et vouée à une vie de précarité sans possible évolution. L’École serait alors organisée selon le modèle économique de la compétition afin de maintenir les positions de la classe dominante où les plus faibles sont voués à l’échec et à l’exclusion.

Dans la même logique, d’autres candidats prônent l’idée d’autonomie des établissements publics, qui est celle développée par le privé. Les collèges et les lycées pourraient dans cette perspective recruter leurs enseignants ou tout au moins choisir leurs élèves. Ceci ne pourrait que conduire à une concurrence renforcée entre établissements qui existe déjà aujourd’hui. La question de la carte scolaire qui est au centre de la question de l’affectation des élèves est une vraie question en termes de mixité sociale et scolaire et n’a pas, à ce jour, été résolue. Néanmoins, on peut être certain que la liberté qui serait laissée aux familles d’aller dans le collège et le lycée de leur choix creuserait encore davantage les inégalités sociales.

 

 Le SI.EN UNSA dénonce ces programmes qui constituent une fantastique régression sociale.

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