« Pour défendre la cause de l’École, je serai toujours aux côtés de nos professeurs, enseignants, personnels de l’éducation nationale, recteurs, directeurs. […] Il y aura beaucoup à faire en la matière : tester de nouvelles organisations, laisser les forces vives du terrain s’exprimer, faire confiance ». Tels sont les quelques propos extraits du dossier de rentrée de notre ministre.
Mais où est donc cette confiance ?
Les IEN sont des cadres supérieurs de l’éducation nationale : ils évaluent, ils inspectent, ils participent à l'animation pédagogique, ils ont vocation à participer au recrutement et à la formation des personnels, ils assurent des missions d'expertise, ils exercent des fonctions de conseil auprès du Dasen. Ils semblent donc occuper une position enviable et enviée dans la pyramide hiérarchique. La réalité est tout autre.
Dans certaines académies ou certains départements, pour servir leurs desseins d’une forte reconnaissance synonyme de promotion rapide, Dasen et Recteurs rivalisent par le verbe de fulgurances qui semblent bien éloignées des velléités d’une réelle Qualité de Vie au Travail . Un exemple parmi d’autres : « Je ne vous demande pas d’être croyant, je vous demande d’être pratiquant !». Mais ces débordements, cette absence de respect de la fonction que nous habitons, ces humiliations verbales régulièrement dénoncées par notre syndicat n’ont pas l’air de perturber outre mesure la direction de l’encadrement (Monsieur le ministre n’a-t-il pas pourtant annoncé la fin du « pas de vague » ?).
- Dans cette atmosphère de défiance, la perte du sens de notre action est inquiétante et traumatisante. Elle se traduit, entre autre, dans le quotidien :
- par la recrudescence des applications qui ne prennent en compte que l'aspect techniciste et qui ignorent l'humain (nous, les moyens, les contraintes du terrain et du territoire) présentant quelques dissonances non anticipées et pour lesquelles nous sommes laissés sans réponse ;
- par l'exécution de tâches administratives et sommaires en décalage avec la réalité (celles qui nous conduisent à répondre à des enquêtes au caractère surréaliste dans des délais intenables) ;
- par l'absence de moyens (remplacements, aesh, partenaires médico-sociaux, etc,..), engendrant conflits et crises sans pouvoir répondre aux situations de classes explosives et au mal-être croissant des enseignants (mais où est la RH de proximité ?) ;
- par la désignation sans concertation préalable de collègues qui se voient confier des dossiers sans connaître les attentes (avec pour seul objectif celui d’être représenté) ;
- par les très nombreux courriels adressés qui demeurent sans réponse ;
- par la formidable capacité de nos décideurs à se draper dans les satisfécits et recevoir les lauriers mais imputer les difficultés, les blocages, l’incapacité (pour ne pas dire l’incompétence) à l’IEN qui peinerait à remplir son rôle et atteindre les objectifs.
Nous pouvons clairement identifier ce que nous souhaitons : du respect pour la personne qui sert loyalement l’institution, de la confiance dans les collaborateurs qui au quotidien œuvrent au déploiement de la politique éducative, de la considération pour le travail accompli… mais nous pouvons également énoncer ce que nous ne voulons plus ; à savoir subir l'autoritarisme, le mépris, la culpabilisation, les sollicitations intempestives ne faisant appel ni à notre expertise, ni à nos missions institutionnelles. L’heure de la docilité est révolue !!!
Monsieur le ministre, nous vous invitons à venir « vivre notre vie » pour mieux comprendre la distorsion entre votre message et la réalité effective du rez-de-chaussée.
Jean (IEN depuis plus d'une décennie)