Au moment où la campagne électorale démarre, on voit que deux des principaux candidats sont concernés par des affaires judiciaires de détournement de fonds publics où la présomption de leur culpabilité est telle qu’ils ne cherchent même pas à témoigner de leur innocence.

Leur seule défense est de dénoncer un complot médiatique et un acharnement judiciaire qui, selon eux, mettraient en danger la démocratie. Et ils en appellent donc, l’une comme l’autre, au jugement du peuple pour leur rendre justice, comme s’ils pouvaient espérer davantage de mansuétude des jurés populaires d’une cour d’assises que des juges d’un simple tribunal !

Or les faits concernés, enrichissement de son parti pour l’une et enrichissement personnel pour l’autre, ne sauraient en aucun cas relever d’un jugement populaire mais seulement d’un renvoi en correctionnelle car ils tombent tout simplement sous le coup de la loi, de cette loi dont ils disent pourtant attendre, l’une et l’autre, qu’elle soit sans faiblesse pour les (autres) délinquants.

En essayant de se soustraire ainsi à la justice alors même qu’ils sont candidats à la « magistrature suprême », ce sont eux en réalité qui prennent en otage nos institutions démocratiques, pour au moins trois raisons :

-  La première, c’est qu’ils faussent le débat démocratique en mettant, de fait, au second plan les véritables enjeux de l’élection, au point qu’on peut même penser qu’il pourrait s’agir d’une manœuvre habile pour détourner l’attention des mesures contestables contenues dans leurs programmes. Et ce qui est fabuleux, c’est que ça fonctionne dans les deux sens car ils invoquent aussi la campagne pour demander à la justice de jeter un voile pudique sur leurs turpitudes !

-  La seconde, c’est qu’en dénonçant le rôle des media et de la justice, ils s’attaquent à deux piliers essentiels de notre démocratie, non pas pour en combattre les dysfonctionnements nuisant à l’intérêt général mais seulement parce que leurs intérêts personnels sont gravement menacés. Tout en espérant une élection qui leur garantirait une immunité pour quelques années... et probablement confiants dans leur capacité à multiplier les procédures pour retarder indéfiniment l’action judiciaire.

-  La troisième c’est qu’ils entraînent dans leur aventure deux partis politiques et deux électorats qui, faute d’alternative, considèrent qu’ils n’ont guère d’autre choix que de les suivre. Et pourtant on aurait pu espérer que parmi les cadres de ces partis comme parmi les électeurs, il existe encore des citoyens qui ont une conscience morale et qui placent l’honneur et la probité au-dessus des stratégies partisanes.

Le contrat républicain, dans une démocratie représentative, repose explicitement sur la probité personnelle de ceux qui représentent le peuple. C’est pourquoi la plupart des sanctions concernant la gestion frauduleuse de fonds publics par des élus incluent des peines d’inégibilité, preuve que l’exemplarité est une vertu cardinale de la République.


Certes, se présenter à une élection majeure alors que des indices graves mettent en cause votre probité n’est pas interdit par la loi, mais c’est assurément une faute très grave – jamais commise à ce jour – qui est de la responsabilité des candidats comme de ceux qui, en les soutenant, leur apportent leur caution morale. Ils doivent les uns et les autres mesurer le danger que cette situation fait courir à la démocratie, autant pour l’élection elle- même que pour la suite : quelle autorité et quelle crédibilité demain pour un Président qui serait fragilisé par exemple par la condamnation de son épouse et de ses enfants pour des délits dont il serait responsable... ou pour une Présidente dont la justice aurait condamné pour financement frauduleux les (autres) responsables du parti qui lui aurait permis d’accéder au pouvoir ?






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