Le 7 décembre 1941, des aviateurs décollent depuis les porte-avions japonais avec une macabre « lettre de mission », simple et claire : détruire le plus grand nombre de bateaux et, ce faisant, tuer le plus grand nombre possible de marins américains, des jeunes gens, comme eux.

 

A Pearl Harbor, le ciel est dégagé, c’est une belle journée. Nul ne peut imaginer que, pour leur dernier vol, ces jeunes pilotes vont ouvrir les portes de l’enfer.

Ils ont pour eux de croire qu’ils se battent pour l’honneur et l’avenir de leur pays.

L’amiral commandant l‘armada n’exulte pas, une fois la mission accomplie. « Souhaitons ne pas avoir réveillé un fauve » dira-t-il à son Etat-major…

Quelques jours plus tard, devant le Congrès des Etats-Unis, le Président Roosevelt prononce un discours passé à la postérité : « A day to remember… »

On connaît la fin de l’histoire : elle se termine à Hiroshima et Nagasaki.

Mais qui aurait pu croire, que tant d’années plus tard, le Japon serait à nouveau frappé par la malédiction du nucléaire ?

 

Qui aurait pu croire que sur le sol même de France, d’autres pilotes bombarderaient les institutions et services de leur propre pays, ceux-là mêmes qui lui ont permis de penser un avenir après la guerre, sous l’impulsion du Conseil National de la Résistance ?

 

« A day to remember » : l’avènement de la RGPP, plébiscitée (nous dit-on quand on ne sait pas quoi dire) par les parlementaires, dont chacun connaît le degré de conscience des textes qu’ils votent et qui ne les concernent pas pour la plupart !

Autre moment d’histoire : un ministre, au bon sens entré dans la légende, crée la Direction de l’Evaluation et de la Prospective et pose une question simple elle aussi : « jusqu’où peut-on faire fonctionner la machine avant qu’elle n’explose ? » La réponse est claire : on peut conduire un peu moins de 79% d’une classe d’âge jusqu’à la terminale, compte tenu de toutes les variables, indicateurs qui n’en portent pas encore le titre, passés depuis dans l’amphigouri obligatoire.

Le politique, qui ne s’embarrasse guère de la rigueur en général, promptement traduit l’affaire dans les termes qu’on sait : la mesure est devenue un slogan. Il a la peau dure. Pour faire semblant de lui donner un corps, on a multiplié depuis les qualifications et certifications de toutes sortes, abusant par la même occasion les jeunes de manière éhontée, amplifiant, chemin faisant, l’immense malaise qui les caractérise car ils se croient, du coup, « compétents », bardés de livrets et attestations de toutes espèces. On ne veut d’eux nulle part, mais là n’est pas le problème : les boutiquiers du rendement immédiat ont fait du chiffre en marchands du temple du temps présent, autoproclamés  « modernes ».

 

Ici, ce sont les conseillers pédagogiques qu’on supprime de façon radicale et aveugle. On se fiche absolument (et de plastronner sans vergogne) de connaître leur tâche, leur professionnalisme efficace au quotidien, dans l’actuel désordre où pleuvent les enquêtes pilotées par la tyrannie du chiffre et l’emballement névrotique menant tout le monde à sa perte.

Des pilotes « modernes » sont aux commandes des bombardiers de la LOLF. N'ayant jamais appris à piloter, ils s’imaginent en capacité d’inventer le tableau de bord au moment où ils s’assoient dans le cockpit. Ils se figurent en somme que savoir lire l’heure (indicateur utile) revient à être horloger.

Un pilote patenté sait qu’il ne fera pas décoller un Boeing 747 avec une masse supérieure aux 397 tonnes compatibles avec la puissance de propulsion des moteurs. Il le sait, parce que c’est son métier. Les Docteurs Diafoirus de l’Education nationale, propulsés recteurs pour certains, très désireux de promotion – surtout en phase de descente vers la fin, d’un poste à l’Inspection Générale (d’illustres exemples en la matière), très âpres à empocher la prime au mérite, tous ces pilotes d’élite n’hésitent pas à prétendre faire décoller l’appareil avec une masse supérieure à celle prévue par le constructeur. Ils ne seront plus là quand il s’écrasera avec passagers et chargement. Les élèves seront alors bien inspirés de ne pas laisser traîner leurs pieds sous les blocs quand l’édifice scolaire s’écroulera grâce aux bons soins de nos présomptueux pilotes, strictement préoccupés par leur petite personne et leur avenir.

Pendant ce temps-là, au Japon, on cherche les moyens de refroidir les réacteurs. Mais rassurons-nous, ceci ne nous concerne pas : ici on a tout prévu, et pour une raison simple : on pilote, et ce n’est rien de le dire !

 

La RGPP, dont la LOLF est le bras armé, c’est la Grosse Bertha, un Pearl Harbor dirigé contre les services publics français, dont l’Ecole est le plus emblématique. La carte scolaire 2011 est l’occasion de tous les coups sournois contre le corps enseignant. Ici, ce sont les conseillers pédagogiques qui en sont victimes. Ils se défendent avec dignité face à un autre slogan odieux : « Qu’ils retournent devant les tableaux ! » Elégant anathème digne des pages roses du Larousse. Quant aux Inspecteurs, c’est bien de leur faute : ces capricieux n’ont-ils pas voulu garder les animateurs en informatique ? Mais qui pourrait en avoir encore besoin ? On a semé à la volée du C2I2E et les applications « maison » des rectorats sont si performantes qu’on envisage pour elles le Concours Lépine !

Les candidats de mars 2012 ont-ils la moindre idée de l’étendue du désastre scolaire fabriqué de toutes pièces par ceux qui sont, espérons-le, sur le départ ?

Et que dire des parents d’élèves, nos concitoyens malproprement roulés dans la farine ?...

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