Deux mille huit : année zéro !

 

Loin de moi l’idée qu’on ne doit rien réformer. Plus loin encore l’approche maximaliste et vraisemblablement suicidaire qui consiste à imposer d’une main le maintien en l’état de tous les fonctionnements et structures acquis tandis qu’on réclame de l’autre des moyens, toujours des moyens, encore des moyens... Soyons sérieux, l’absence d’évolution c’est la sclérose assurée dans un monde qui bouge ; la dépense sans évaluation ni réflexion c’est la gabegie inconséquente pour des effets incertains. Au contraire et sans aucun doute, il faut s’interroger sur le déploiement des moyens, analyser les situations, opérer les réajustements nécessaires. Pragmatisme, donc ; explication et négociation ; évolutions réfléchies ; évaluation sérieuse des effets de l’action rénovatrice, voilà ce dont l’école a besoin. Et les IEN, cadres de proximité, participent avec dynamisme à la mise en place des réformes, chacun le sait bien, à commencer par Monsieur le Ministre qui reconnaît notre travail et l’utilité de notre action. Mais cette position loyale vis à vis de l’institution n’implique pas nécessairement ignorance des réalités, aveuglement face à l’état réel de l’école, silence absolu lorsque le service rendu au public semble mis en péril.

L’heure d’un premier bilan

 

De nombreux spécialistes, comme Claude Lelièvre, historien de l’éducation, récemment dans le Monde, des syndicalistes, des responsables de mouvements d’éducation populaire, des pédagogues célèbres comme Philippe Meirieu, André Giordan, Eveline Charmeux, Gérard de Vecchi, des praticiens reconnus comme Sylvain Grandserre1, et tant d’autres personnalités, répètent inlassablement que nous assistons depuis quelques années à une terrible entreprise de destruction de l’école. Les démonstrations sont faites, elles ne sont guère contestables : nous allons à la catastrophe.

 

De bonnes âmes s’indignent de tels propos, en particulier chez les cadres qui prônent la loyauté, l’obligation de l’obéissance, le respect de la règle démocratique... Certaines s’expriment en conscience soit parce qu’elles adhèrent à l’idéologie ultra libérale mise en œuvre avec une détermination purement sarkozienne, ce qui est parfaitement leur droit2, soit parce qu’elles méconnaissent l’histoire de l’école, ses fondements, ses enjeux, ce qui peut s’expliquer partiellement par l’absence totale de prise en compte de ces questions fondamentales dans leur formation, soit par

à Laurence,

 

« Enjeu décisif » en effet que la question traitée par Pierre FRACKOWIAK dont la plume est bien connue : professionnelle, aiguisée et juste, trempée dans l’encre des Humanités. Ces Humanités qu’on a jetées par-dessus bord du bateau dérivant Ecole. Il ressemble de plus en plus à un rafiot, rapiécé qu’il est de toutes parts à force d’incohérences, contradictions, impostures politiques patentes constellant la coque et son drapeau trompeur. Une galère en tout cas, à tribord comme à bâbord, que l’on soit enseignant ou inspecteur.

 

Jetons entre les deux une échelle de coupée au nom de ce que l’auteur nomme « le pari de l’intelligence ». Car nous sommes tous otages et victimes à bord de ce bateau-pirate piloté par de petit(e)s marquis(es) logorrhéiques de l’évaluation, de la performance, du culte (et non de la culture – grave mésusage d’un noble terme) du résultat.

Vendredi 21 novembre 2008

 

Monsieur le Ministre de l’Education nationale,

 

Veuillez permettre à un retraité de l’Education nationale de lancer un double cri d’alarme et d’adresser une requête à l’autorité ministérielle.

 

Un premier cri d’alarme : les mesures sur le point d’être prises ne peuvent qu’affaiblir et même détériorer le Service public d’Education ; à un degré tel que la profession et une large partie de l’opinion s’émeuvent très vivement. Les arguments qui les soutiendraient ne sont pas convaincants : avec un peu plus d’élèves et moins de postes et en replaçant les enseignants spécialisés des RASED dans les classes, la réussite scolaire serait accrue ; le report (annoncé à mi-voix) de l’âge d’accueil en maternelle préparerait mieux à l’approche du cours préparatoire.

Les propos relatifs à de « nouvelles modalités » d’inspection (nullement définies au-delà de l’annonce) incitent à l’interrogation.

 

Dans le sillage de la mécanique de la « performance » appliquée aux élèves, ne peut-on imaginer une « performance » des Inspecteurs (faire du chiffre) attachés à mesurer la «performance» des professeurs en leur appliquant l’adage « à bon chat bon rat » ?

 

Idée novatrice : Inspecter un enseignant à une date d. Mesurer les résultats de ses élèves. Revenir à une date (d + x), et remesurer pour connaître l’écart. Les « bons » (élèves comme maîtres) auront de bons résultats. Ceux-ci dicteront de façon automatique le verdict de qualité professionnelle. Ceci quel que soit le lieu, c’est une certitude arithmétique. Car la certitude caractérise le « pilotage par les résultats ». Tautologie.

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