Les enseignants des établissements professionnels sont confrontés à des transformations profondes des métiers qui constituaient leur cadre d’expertise. Il appartient aux inspecteurs de les guider dans une nouvelle conception de la formation professionnelle.
Formation professionnelle, de nouvelles exigences articulant spécialisation et adaptabilité
Il existe aujourd’hui plus de 150 diplômes professionnels (BTS et licences professionnelles) et beaucoup de ces diplômes sont des diplômes connexes. Aucune source exhaustive ne permet aujourd’hui de repérer précisément comment la répartition des compétences a été modifiée au sein des métiers. Il est seulement possible d’analyser l’évolution des compétences en fonction de la transformation des professions. La demande en compétences requises dans les métiers en croissance va ainsi augmenter, celle des métiers en déclin reculer.
Pour prendre en compte cette évolution des métiers, les enseignants se sont adaptés et l’institution a pris les devants dans la formation des jeunes enseignants (exemple : BIM, le numérique, …). Les entreprises réclament depuis plusieurs années une plus grande capacité d’adaptation de leurs personnels afin de mieux répondre aux besoins du marché. Cette orientation a été guidée par la conjoncture économique de plus en plus prégnante, concernant notamment la recherche du gain de temps au détriment d’une polyvalence dans un métier. Pourtant, la prise en compte du personnel à tous les niveaux est primordiale. Les professionnels doivent s’adapter au marché et ouvrir leur champ de compétences à d’autres métiers que ceux pour lesquels ils ont été initialement formés.
La fusion de certains diplômes professionnels permettra sans doute aux jeunes d’accéder à un panel de filières leur permettant de poursuivre leurs études, voire pour certains leur insertion professionnelle. Il est alors certainement nécessaire de refondre l’ensemble des référentiels afin de leur donner plus de cohérence et en pensant aux poursuites d’études potentielles. C’est pourquoi, en cohérence avec les attentes exprimées par les branches professionnelles, il semble indispensable de réduire leur nombre et de regrouper les spécialités de formations au sein de familles de métiers (alimentation, numérique, artisanat d’art…). La transformation de la voie professionnelle engagée par le ministre de l’Éducation nationale peut être une première étape dans cette fusion des diplômes (mise en place des familles de métiers). Du reste, les secondes professionnelles de certaines filières de métiers répondent déjà partiellement à la problématique de fusion des diplômes.
Ce n’est en effet pas le nombre de diplômés qui va déterminer la dynamique de demande des entreprises, bien que le système éducatif ait un effet structurant sur le système économique. La demande de qualification est de plus en plus en grande pour les cadres intermédiaires, non pas parce qu’ils sont plus diplômés, mais parce que ces fonctions supposent davantage de technicité et de compétences dans la prise de responsabilités. Il faut mettre en place ce qu’on appelle les soft skills. C’est-à-dire, à partir d’un cœur de métier, de construire un ensemble de compétences que le futur professionnel sera obligé d’acquérir avant d’exercer sa profession.
Quelles sont les soft skills les plus recherchées par les employeurs ? Jeunes diplômés, métiers émergents ou changeants : dans de nombreux cas, les soft skills sont toutes aussi importantes que les compétences techniques. Appelées parfois « savoir-être », compétences « comportementales », ou « transverses », elles constituent souvent le pilier de la réussite professionnelle. Ce sont des compétences transversales non techniques.
L’importance des soft skills en milieu professionnel ne fait plus aucun doute. L’autonomie, la rigueur, l’engagement, la communication, l’esprit d’équipe, le dynamisme, la prise de décision, la confiance, la gestion du stress, etc., font partie des compétences recherchées chez les candidats, qui détermineront la réussite d’un projet ou d’une activité. Les soft skills sont et resteront les passeports incontournables pour réussir son parcours professionnel. Nous vivons dans une époque où tout va très vite ; les compétences techniques se réinventent régulièrement et de nouveaux métiers apparaissent tandis que d’autres disparaissent. Les jeunes doivent pouvoir naviguer dans ce contexte en perpétuel mouvement : les soft skills les guideront pour réussir chaque étape !
Dans ce contexte d’évolution rapide, il est essentiel que les inspecteurs prennent la mesure des transformations induites. A cet égard, la récente note publiée par France Stratégie apporte des éléments intéressants, car elle s’attache à articuler les exigences de maîtrise technique et de compétences transversales pour mieux adapter les jeunes à un marché mouvant et à des métiers dont les caractéristiques sont en permanence remises en question. Le SI.EN UNSA encourage ses adhérents à ouvrir le débat et à rechercher toutes les formes de mutualisation possibles entre inspecteurs, afin d’accompagner ces évolutions et d’aider les enseignants à les appréhender sereinement plutôt qu’à les subir. Il est en outre évident que la transversalité des compétences sera plus facile à approcher à partir de différentes spécialités qu’en se limitant à une approche disciplinaire sans doute plus aisée à mettre en œuvre, mais nécessairement moins riche.