combat       
          A travers les diverses rédactions des statuts, de 1929 à nos jours, l’un des objectifs affirmés du syndicat reste "la défense des intérêts professionnels", action rendue d’autant plus nécessaire qu’on a pu constater, au fil des ans, une dégradation progressive des traitements servis aux inspecteurs de l’enseignement primaire.

A l'origine

        En 1835, alors que le traitement annuel moyen de l’instituteur était de 500 F, la rémunération des "inspecteurs spéciaux" s’étageait de 1500 F à 2000 F par an. S’y ajoutaient des indemnités liées aux déplacements effectués. En 1837, les inspecteurs primaires de la Seine recevaient 3000 F par an.
        Sous la Seconde République, les traitements des inspecteurs primaires se situent, par rapport aux traitements des instituteurs, dans le rapport de 3 à 1, rapport abaissé ensuite , de 2,5 à 1.
        Rappelons que, sous la Troisième République et jusqu’à la fin des années vingt, les traitements des fonctionnaires étaient calculés sans aucun lien entre eux et que le gouvernement de "Vichy", dans une révision partielle, introduisit des modifications, défavorables à certaines catégories de fonctionnaires, les enseignants notamment.
        Une remise en ordre des traitements de la Fonction Publique s’imposait. Elle eut lieu à la Libération, après une revalorisation générale, Non sans difficultés, les organisations syndicales élaborèrent alors un plan de reclassement où deux priorités étaient reconnues : l’Education nationale et la Justice.
        Des parités internes, étaient établies entre les diverses catégories d’enseignants, l’insertion de ces catégories dans l’éventail de la Fonction Publique fixant les parités externes.

Intervient alors le statut de la fonction publique

        La loi du 19 octobre 1946 fixant le Statut des fonctionnaires classe ceux-ci en quatre catégories, par référence aux diplômes qui fixent leur niveau de recrutement, soit :
     Catégorie A = la Licence           Catégorie B = le Baccalauréat     
     Catégorie C = le Brevet             Catégorie D = le CEP, ou sans diplôme.

        Pour les enseignants, les références sont celles des catégories dites "pilotes", et la grille ministérielle de 1948 fixe ainsi les indices retenus pour ces catégories :
     Instituteurs : 185 - 360           Certifiés : 250 - 510     
     Agrégés : 315 - 630                Prof. de Fac. : 550 - 750

        Dans ce cadre ne figurent pas les inspecteurs de l’enseignement primaire que le Ministère persistait à ranger dans les "cadres administratifs" et qui furent reclassés, pour les Inspecteurs de province, donc la plus grande partie du corps en : 250 - 525, alors que les Inspecteurs de Seine et Seine et Oise obtenaient 300 - 550.

        La place initiale des IEP dans la grille de 1948 caractérise ainsi un déclassement dont la correction deviendra, avec des temps plus ou moins forts, la préoccupation incessante du SNIDEN.

        Dès lors, le diplôme universitaire apparaissant comme le critère essentiel, les "Inspecteurs de l’Enseignement Primaire" revendiquèrent "non l’assimilation aux agrégés mais une parité horizontale dans l’échelle des traitements".

        Entre 1949 et 1954, aucune demande de révision indiciaire ne put aboutir. Plus grave encore, l’attribution à certains corps de bonifications ou d’indemnités spéciales accentua la rupture des parités internes et externes.

        Par ailleurs, la prise en compte des seuls indices bruts pour le calcul des traitements, à compter du 1er janvier 1956, entraîna des distorsions de la grille dont les bénéficiaires furent essentiellement les agents des administrations centrales et préfectorales ainsi que ceux de l’Armée et de la Police.

        Dans son ensemble, la fonction enseignante se trouvait déclassée.

Vers un reclassement ... partiel

        Dès 1956, la FEN et ses Syndicats Nationaux préparent un "plan de revalorisation de la fonction enseignante".

        Mais les effets du Décret du 8 août 1961 fixant les nouveaux indices n’atténuent que très imparfaitement la rupture des parités et il faut attendre juillet 1963 pour qu’un décret accorde aux IEP un classement en 7 échelons (indices nets 300 - 575) et un échelon fonctionnel (indice 600).

        La revendication ancienne du cadre unique est enfin prise en compte... mais la référence retenue est l’échelle la moins favorable, celle des traitements des inspecteurs de province. Quant à l’indice 600, il n’est accordé qu’aux seuls adjoints à l’IA (soit 5 % du corps) avant d’être étendu aux inspecteurs de l’ancien corps parisien.

        Dans les années qui ont suivi, et malgré diverses actions conduites par le syndicat, le décalage s’accentua, notamment par rapport aux Inspecteurs d’Académie, aux Inspecteurs de la Jeunesse et des Sports, aux Chefs d’établissements même, qui ont bénéficié, dans les années soixante, d’indemnités diverses, alors que les IEP ne pouvaient prétendre à aucune prime ni rémunération supplémentaire. Un exemple : dans la hiérarchie de l’Education Nationale, de l’instituteur au Recteur, seul l’IEP n’était ni logé, ni bénéficiaire d’une indemnité représentative de logement.

         Ce constat révèle une ignorance grave des sujétions propres aux inspecteurs et des charges importantes recensées, définies et exposées, d’audiences en commissions de travail dans lesquelles les engagements pris restaient malheureusement sans lendemain.
        La revendication syndicale portait alors autant sur ce plan indemnitaire que sur le plan indiciaire, pour une normalisation de l’indice 600, première étape vers l’accès, par reclassement, à l’indice terminal 625.

        Durant les événements de mai 1968 et dans le cadre des discussions conduites au sein de la Fonction Publique, les avancées furent certaines mais inégales : augmentation de traitements, majorations indiciaires, mesures catégorielles. La seule mesure effective concernant l’Inspection Départementale de l’Education Nationale est l’augmentation du nombre de postes portés à l’indice 600 (12 % du corps).

        Et, après 1968, les accords déclarés et répétés d’Edgar Faure et d’Alain Peyrefitte, ministres successifs de l’Education Nationale, resteront sans suite.

        Les revendications syndicales se précisent et se motivent, liées à d’autres réflexions engagées sur la nature même de l’inspection aux différents niveaux de l’enseignement. Au ministère, un groupe de travail s’attache à définir le rôle et la nature des interventions des inspecteurs, dans la perspective d’un futur statut ; lente élaboration que n’accompagne aucune mesure financière.

        Après un nouveau refus ministériel de reclassement indiciaire en 1970, une avancée est toutefois enregistrée puisque l’indemnité de charges administratives est enfin attribuée aux IDEN.

        En 1971, le Congrès, qui fait d’une réévaluation indiciaire son objectif principal, demande un échelonnement 400-650. La motion corporative du Congrès de 1972 revendique la "péréquation effective des pensions de retraites en fonction du reclassement des actifs" selon les règles établies en 1948 dans le cadre de la "réforme des pensions civiles et militaires".

        Enfin, le 4 juillet 1972 le décret portant Statut particulier des Inspecteurs Départementaux de l’Education Nationale, définit ceux-ci comme un "corps placé sous l’autorité des Recteurs et des Inspecteurs d’Académie dont ils sont les collaborateurs", et qui "comporte un seul grade divisé en sept échelons et un échelon fonctionnel".

Quelles en sont les conséquences ?

        Un espoir naît lorsque le ministre Fontanet, en juillet 1973, prend l’engagement de normaliser l’indice 600, d’améliorer les indices intermédiaires, d’accélérer l’avancement et d’étudier l’attribution aux IDEN d’une indemnité de sujétion.

        Un projet de décret est préparé, discuté. Mais les élections présidentielles, le départ du ministre en 1974, et l’opposition de la Fonction Publique conduisent à son ajournement. En mars 1975, après arbitrage, ne subsistait qu’une légère augmentation du nombre des traitements à l’indice 600. Aussi, le Congrès national réuni le mois suivant examine-t-il une liste de moyens d’action pour obtenir le reclassement indiciaire des IDEN.

     Et, en septembre 1975, le Bureau national, estimant inadmissible l’abandon des mesures prévues, rejette l’arbitrage et lance un mot d’ordre d’abstention aux examens professionnels non sans s’être assuré de l’appui de la Fédération de l’Education Nationale, le Syndicat National des Instituteurs comprenant, pour sa part, nos motivations.
     Le mouvement de grève est suivi à plus de 90 % dans l’ensemble du pays bout5, des démarches sont effectuées auprès des Parlementaires et le Secrétaire Général de la FEN obtient du Ministre de l’Education Nationale que le dossier soit à nouveau présenté au Premier Ministre.

En retour, les propositions faites portent notamment sur :
     - une progression de la carrière en 8 échelons, au lieu de 7 
     - le passage automatique au bout de cinq ans à l’indice 600 ;
     - le maintien à 575 de l’échelon terminal, l’indice 600 restant fonctionnel.

        Tandis que la grève se poursuit, le syndicat avance des contre-propositions pour un indice terminal à 590. Un second arbitrage du Premier Ministre, Jacques Chirac, accorde une majoration de 25 à 50 points des indices intermédiaires, l’accélération de l’avancement, la création d’un huitième échelon à l’indice net 585, avec incidence sur les pensions de retraite et l’accès automatique à l’indice fonctionnel 600 après 5 ans passés au 8ème échelon.
        Si elles ne satisfont qu’imparfaitement les demandes du SNIDEN, les mesures prononcées n’en représentent pas moins une avancée non négligeable et le mot d’ordre d’abstention est levé en août 1976.

        Cette grève, temps fort de l’action syndicale, a marqué son histoire.

Vient le temps des espoirs déçus ...

        La politique d’austérité du gouvernement Barre met en sommeil le dossier des IDEN. Un groupe de travail est alors chargé de la remise en ordre des traitements dans la Fonction Publique mais les travaux traînent en longueur.

        L’élection à la Présidence de la République, le 10 mai 1981, de François Mitterrand et le résultat des élections législatives de juin laissaient espérer une relance du dialogue.

     Aussi, dans la perspective d’une unification, à terme, des corps d’inspection, le Congrès national réuni à Lille, en mai 1983, en présence du Ministre Alain Savary bout5, demanda-t-il le reclassement dans une grille indiciaire situant les IDEN au même niveau que les IPR.

 Mais, en 1984, rien n’avait encore bougé. Plus grave, les retraités avaient été écartés de la prime uniforme de 500 francs accordée aux fonctionnaires en exercice au 31 décembre 1983. Et cette même année, le ministère annonçait que le statut des IDEN devait être modifié pour entrer en conformité avec le nouveau Statut de la Fonction Publique.

        De 1985 à 1987, malgré une certaine amélioration des conditions de travail, la revendication indiciaire resta au point mort. Seule mesure envisagée : une hypothétique normalisation de l’indice fonctionnel.

Vers un nouveau statut de l'inspection départementale

        Quelques améliorations furent toutefois apportées au statut de 1972 par un décret de mai 1988. Dans le domaine financier, l’échelon fonctionnel y était transformé en 9ème échelon, avec incidence sur les pensions de retraite, et une possible mobilité entre corps d’inspection comparables apparaissait. Ces mesures, intéressantes sans doute, ne comblaient pas le déclassement depuis si longtemps dénoncé.

        En réponse, le Bureau national du syndicat proposa, sans succès, une nouvelle grille à substituer à celle de 1972.

        Cependant, en mai 1989, à la veille du Congrès, le ministre Lionel Jospin annonça la constitution d’une provision budgétaire pour permettre la revalorisation des traitements et indemnités des inspecteurs, ajoutant qu’il souhaitait s’orienter vers une unification progressive des corps d’inspection.

        Intéressé mais prudent, le Congrès prit acte de ces intentions et mandata le Bureau national pour négocier la réforme statutaire des corps d’inspection avec accès à une carrière ouverte sur les échelles-lettres.

        Le 30 mai, par écrit, le Ministre s’engageait à remettre un projet d’ensemble dès le mois de juillet - délai repoussé ensuite au 30 septembre - tandis que l’ébauche d’un projet de texte statutaire était soumis au Conseil national. Les insuffisances du texte - particulièrement en ce qui concernait les retraités - la "clause de mobilité" obligatoire et les modalités du passage à la hors-classe, suscitèrent de vives réactions.

        Le Conseil réaffirma alors sa volonté de voir constitué un corps unique d’inspecteurs et demanda l’ouverture immédiate de négociations.

        A la rentrée de septembre 1989, après étude par le Conseil syndical des propositions ministérielles, constat était dressé des insuffisances du texte, de l’absence de chiffrage et de réponse à la revendication d’une revalorisation de la carrière des actifs et des retraités. Le Bureau National décida d’une journée nationale d’action, déposant un préavis de grève pour le 5 octobre.

        La reprise de la concertation permit d’améliorer le projet de texte statutaire qui fut à nouveau soumis au Conseil syndical. Celui-ci considéra qu’il s’agissait là de premiers acquis "améliorant la situation actuelle, malgré des manques et certains aspects contestables auxquels l’action syndicale devra permettre de remédier" et le texte fut adopté lors de la réunion du C.T.P.M. du 22 novembre 1989.

        D’autant que, dans le même temps, le ministère procédait à une refonte des régimes indemnitaires appliqués aux différents corps d’inspection, les IDEN bénéficiant d’un relèvement de l’indemnité de charges administratives et de la création d’une indemnité de "circonscription".

        Publié au Journal Officiel du 2 août 1990, le décret du 18 juillet 1990 portant statuts particuliers des Inspecteurs Pédagogiques Régionaux - Inspecteurs d’Académie et des Inspecteurs de l’Education Nationale - corps résultant de la conjonction des IDEN, des IET et des IIO - n’apportait aucune réponse positive au problème du déclassement constaté.

        Mais la situation nouvellement créée, ainsi que la nécessité de constituer une liste commune aux trois syndicats d’inspecteurs pour les élections professionnelles aux différentes commissions administratives paritaires, conduisirent à mettre en place, dès 1992, une commission mixte SNIDEN-SNIET-SNIIO.

        Cette même année, l’attitude négative des représentants de l’Administration centrale conduisit, pour sa part, le SNIDEN à déployer, à l’automne, un ensemble d’actions en protestation contre les réductions de crédits en plusieurs domaines et le retard pris dans le remboursement des frais de déplacement.

        La tension cependant s’atténua lorsque le ministre Jack Lang rouvrit, en février 1993, des négociations auxquelles participèrent la FEN, le SNIDEN, le SNIET et le SNIIO, négociations qui débouchèrent sur un protocole d’accord bout5.  Ce dernier prévoyait la création d’un groupe de travail ayant vocation à redéfinir les missions de l’inspection et l’évolution de la carrière. Il envisageait également une montée progressive de l’accès des inspecteurs à la hors-classe. Toutefois, les mesures envisagées ne concernaient pas les retraités ce contre quoi réagirent vivement les participants au Congrès réuni à Strasbourg sans pour autant rejeter les autres ouvertures apportées par le protocole.

        En septembre 1993, le nouveau Syndicat des Inspecteurs de l’Education Nationale se constitua. Un objectif important était ainsi atteint. Mais, sur le plan indiciaire, le changement des orientations politiques avait considérablement freiné les décisions arrêtées et, en décembre 1993, terme de notre étude, on attendait toujours, malgré les interventions effectuées au Cabinet du Ministre, que soit appliqué le protocole signé dix mois plus tôt
Laicite 2b
        Au long de son histoire, le Syndicat des Inspecteurs - appelons-le ainsi, pour plus de commodité - s’est senti profondément concerné par les débats souvent vifs qui opposaient enseignement public et enseignement privé et, sur le point fondamental de l’éducation, divisaient les citoyens. Pour lui, le choix de la laïcité ne pouvait faire de doute. La domiciliation de l’organisation, dès sa fondation, au siège de la Ligue de l’Enseignement lèverait, si c’était nécessaire, toute ambiguïté sur ce point.

        Mais quelques temps forts ont marqué cette lutte.

       C’est d’abord la publication de la LOI BARANGE qui, en 1949, accordant un subventionnement direct à l’enseignement privé, provoque une vive réaction des organisations laïques auxquelles se joint le SNIEP.

     Celui-ci s’associe aux manifestations du Cartel d’Action Laïque, "engageant tous les membres du syndicat à profiter de toutes les circonstances pour éclairer l’opinion publique sur le sens et la portée véritable de la loi nouvelle et les [invitant] à travailler à la prochaine et nécessaire abrogation d’une loi qui tend à ruiner l’enseignement primaire et ne peut qu’entretenir entre Français la division et la discorde".

        A tous niveaux, au sein du syndicat, des discussions s’engagent alors sur l’utilisation, dans l’enseignement public, des fonds ainsi dégagés.

        Et lors de l’Assemblée générale de 1955, le SNIEP demande aux inspecteurs de "combattre les candidatures de tous ceux qui, sollicitant [prochainement] un mandat électoral, se refuseraient à prendre l’engagement de demander, dès leur élection, l’abrogation de toutes les mesures de faveur accordées à l’enseignement privé".

          Mais c’est plus encore la LOI DEBRE, du 29 décembre 1959, qui a suscité, plusieurs années durant, les réactions des défenseurs de la laïcité.

        Relançant le débat, cette loi met en place la possible contractualisation entre l’Etat et les établissements privés. Mais déjà, dès le 21 décembre, les deux représentants des Inspecteurs au Conseil Supérieur de l’Education Nationale avaient démissionné de ce dernier, "constatant que le Conseil [n’avait] pas été consulté avant le dépôt de ce projet de loi".

        Conséquences de l’application du texte, de nouvelles tâches, sont, à ce titre, imposées aux inspecteurs (instruction des demandes d’intégration et de contrats, rapport à dresser sur les locaux et les installations, vérification des titres du personnel, contrôle a posteriori,...). Mais, plus encore, c’est le fond des dispositions qui choque nos collègues.

         Dans le même temps, le SNIEP s’associe aux actions conduites par le CNAL, et les adhérents répondent très largement à la demande qui leur est faite de verser à celui-ci, solidairement, l’équivalent d’une journée de travail.

        Toutefois la loi de 1959, imprécise sur plus d’un point, laisse place à l’interprétation et aux initiatives. Pour éviter les dérives, la Commission laïque du syndicat, créée à cette occasion, procède à une analyse minutieuse des articles du texte tandis que le Bureau national décide "d’appliquer honnêtement et scrupuleusement la loi", ce qui conduit " à freiner son application, en particulier en retardant la signature des contrats et l’agrément des maîtres".

        Le Syndicat des Inspecteurs affirme la nécessité de contrôler l’usage des fonds que l’Etat engage. Il précise que les inspecteurs se borneront au seul contrôle administratif et refuseront de siéger dans les Comités de conciliation, chargés, dans cette opération, de gérer les difficultés rencontrées par les écoles privées.

        Car des problèmes surgissent rapidement au sujet de la signature des contrats. Et une circulaire ministérielle ayant attribué aux IEP, le 27 octobre 1960, l’inspection des maîtres du privé, d’autres difficultés naissent de la position prise, cette fois, par le S.N.I., dont les adhérents refusent leur participation aux commissions chargées de faire passer les épreuves du C.A.P.

        Dans le même temps, l’article de la loi relatif à la liberté de conscience est fréquemment bafoué. Nos collègues des départements de l’Ouest éprouvent bien des difficultés. Une motion proposant le retrait des Inspecteurs de l’application de la loi Debré est repoussée par l’assemblée générale de 1962 mais les chiffres sont éloquents : sur 545 votes exprimés, on compte 126 abstentions et 163 voix pour le retrait, 256 votant contre.

        En 1963, des incidents éclatent en Loire Atlantique où les enseignants du privé protestent contre les très mauvais résultats qu’ils obtiennent au CAP, résultats qu’ils imputent "à la partialité et à la malhonnêteté des examinateurs effectuant une triste besogne". En fait, nombre de candidats, titulaires du seul Brevet Elémentaire et dépourvus de toute formation, se révélaient d’un niveau insuffisant.

        Calomniés, les Inspecteurs de ce département refusent en conséquence toute tâche relative à l’enseignement privé. Il ne faudra rien moins qu’une lettre du ministre, désavouant les protestataires et lavant nos collègues de tout soupçon, pour que soient levées les consignes d’abstention.

        1965, nouvel incident. Une circulaire se référant à la loi Falloux autorise les enseignants privés, sans diplôme et exerçant dans les classes primaires d’établissements privés du second degré, à se présenter au CAP. Protestation du syndicat des IEP qui considère cette disposition comme illégale et donne une consigne d’abstention.

        La situation est tendue. Le Conseil syndical, en novembre de cette même année, constate qu’un collègue a fait l’objet de pressions à la suite de sa participation à une réunion du CDAL et s’en étonne. Il déplore que l’utilisation des fonds scolaires par les établissements privés soit laissée pratiquement sans contrôle. Il rappelle, enfin, que les inspections pédagogiques dans ces établissements, ont pour seul objectif de dresser des constats. C’est d’ailleurs ce que demande aux adhérents le Bureau national.

        Afin de relancer la question, la Commission laïque aborde la rédaction d’un "Livre blanc" sur l’Enseignement privé, estimant que seule la nationalisation de l’enseignement peut résoudre le problème posé, orientation qui ne peut-être atteinte qu’avec l’appui de la FEN et du CNAL aux manifestations desquels les syndiqués sont vivement invités à participer.

        De 1967 à 1983, les positions laïques prises par le syndicat des Inspecteurs sont périodiquement réaffirmées, mais les événements de mai 1968 et leurs conséquences mobilisent largement l’action syndicale. La question de l’enseignement privé surgira à nouveau, après 1981, à la lumière du projet de "grand service unifié et laïque de l’éducation".

        Et au Congrès de Lille, en 1983, la Commission pédagogique du SNIDEN fait approuver, à l’unanimité, une motion visant à "l’intégration de l’enseignement privé".
        Celui-ci perdrait ainsi son caractère propre, les fonds publics n’étant plus accordés que dans le cadre d’une "carte des formations" tandis que, parallèlement, un enseignement privé, non subventionné, pourrait subsister.

        La même année, des maîtres du privé créent le Syndicat National pour l’Unification et la Défense des Enseignants du Privé (SNUDEP) et sollicitent son affiliation à la FEN. Mais, un an plus tard, après l’échec d’Alain Savary, le SNUDEP, soumis à des pressions hiérarchiques disparaîtra et nombre de ses militants devront quitter l’enseignement privé.

        En 1984, le SNIDEN renouvelant son attachement "à la mise en œuvre d’un grand service unifié et laïque de l’Education" souhaite que les maîtres de l’enseignement privé puissent se prononcer sur leur intégration et que, dans l’affirmative, leur soient alors garantis le statut social et l’indépendance des fonctionnaires du service public.

        En réponse à la manifestation lancée par le privé à Versailles, le SNIDEN participe au grand rassemblement organisé par le CNAL et ses partenaires, le 25 avril.

        En 1986, enfin, le Conseil National du SNIDEN adopte une motion bout5 mettant en cause, dans le domaine des attributions de crédit, les avantages accordés à l’enseignement privé et le fait savoir dans un communiqué de presse. bout5

        Ce sera la dernière prise de position notable du syndicat des inspecteurs avant 1993. Cette année-là, le ministre François Bayrou se propose d’autoriser les collectivités locales à financer les constructions et rénovations d’établissements d’enseignement privé. Le SNIDEN réagit vivement et participe, à Paris, à l’imposante manifestation organisée par les défenseurs de l’enseignement public qui contraindra le ministre à retirer son projet...
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1999 - Préface de Patrick Roumagnac, Secrétaire Général du SI.EN

        Se pencher sur notre passé pour mieux préparer les défis de demain, telle est la mission dans laquelle s’est investie en 1999 une équipe de recherche constituée d’anciens secrétaires généraux et militants de notre syndicat.
        Lors de la présentation de ce travail au Centre Henri Aigueperse, la passion et la fougue de nos aînés ont fourni une belle leçon pour l’avenir.
        Loin de toute nostalgie ou de tout regret, nos camarades ont montré que si les hommes passent, si les revendications évoluent, notre syndicat reste toujours ancré sur ses valeurs de laïcité et qu’il porte haut le drapeau de la lutte pour plus de justice sociale et pour plus d’efficacité  du service public d’éducation.
        Ces valeurs, qui nous fédèrent au sein de la FEN, n’excluent nullement notre aspiration à un statut à la hauteur des missions qui nous sont confiées par la République. Définition de nos missions et évolution de notre statut sont les composantes indissociables de notre combat syndical ; c’est par l’articulation de ces deux dimensions que nous devons faire entendre à nos interlocuteurs ministériels la légitimité de nos revendications.
        Merci donc à nos camarades qui ont su nous rappeler avec pertinence que seule notre union, au sein de notre syndicat, nous permettra de faire avancer nos idées et nos aspirations.


1999 - Présentation : un syndicalisme ouvert sur les problématiques éducatives

         Le Syndicat des Inspecteurs de l’Education Nationale est né en 1993 de la fusion de trois syndicats pré-existants, le SNIIO (Syndicat des Inspecteurs de l’Information et de l’Orientation), le SNIET (Syndicat des Inspecteurs de l’Enseignement Technique) et le plus ancien d’entre eux, le SNIDEN (Syndicat National des Inspecteurs Départementaux de l’Education Nationale).
        En mettant leurs acquis en commun, ces trois organisations ont permis le maintien d’une tradition syndicale originale, inhabituelle chez des fonctionnaires investis d’autorité.
         Au niveau de l’école, les inspecteurs ont su utiliser leur ancrage sur le terrain et les multiples facettes d’une fonction dont nul autre échelon hiérarchique existant n’aurait pu maîtriser la complexité, pour imposer leur indépendance et se doter d’une liberté d’expression et d’action pouvant aller parfois jusqu’à leur opposition à telle instruction reçue avec laquelle ils ne pouvaient transiger, voire, dans les cas extrêmes, jusqu’à en refuser l’exécution au risque de compromettre leur carrière.
         N’ayant jamais accepté la docilité inconditionnelle et les avantages illusoires qu’elle peut procurer, les inspecteurs ont dû engager, à plusieurs reprises, des mouvements d’abstention afin d’obtenir l’amélioration de leur situation « matérielle et morale », ainsi que celle de leurs conditions de travail. Cette liberté d’expression, qu’il avait fallu gagner et maintenir, conféra au syndicat un réel pouvoir d’influence, très utile à l’occasion du contrôle des procédures individuelles – mutations ou promotions d’échelon – ou lors de la défense de collègues parfois en butte à l’autoritarisme de certains administrateurs locaux qui, à la différence des plus avisés d’entre eux et de la plupart des autorités ministérielles, croyaient déchoir en prenant l’avis du syndicat avant d’engager des procédures susceptibles d’entraîner son opposition motivée.
         Toutefois, quelle qu’ait pu être l’importance de la défense des intérêts « bien compris » des ses membres, le syndicat des inspecteurs n’a jamais borné son action au seul domaine corporatif.
         Hommes et femmes de culture, ces inspecteurs ont su opter pour un syndicalisme ouvert, en revendiquant et en prenant toute leur place dans des débats liés à la problématique éducative de leur temps : formation des élèves, des enseignants, des inspecteurs eux-mêmes ; participation aux concertations organisées par le ministère de l’Education nationale et par la Fédération de l’Education nationale sur le fonctionnement et la gestion du système éducatif, la décentralisation, etc.… De nombreuses procédures pédagogiques ou réglementaires actuellement mises en œuvre portent la marque des interventions du syndicat des inspecteurs. D’autres ont été oubliées, que l’on redécouvre vingt ans après, parées des habits de la nouveauté...
         Quelles furent donc les thèses défendues par ces syndicats aux périodes particulièrement sensibles, comme en 1971-72 sur les formations initiale et continue, ou en 1981-83 pour la rénovation pédagogique ?
         Des réponses à cette question ne manqueront pas d’apparaître à la lecture de l’histoire de ce syndicalisme des inspecteurs, présentée sous la forme d’une réflexion chronologique organisée par thèmes dont nombre d’entre eux restent toujours actuels.


1999 - Un "devoir" de mémoire - Jean-Claude Mitéran, ancien membre du Bureau National du SI.EN

        Le Centre Henri Aigueperse, par son Secrétaire général Guy Le Néouannic, désireux, au sein d’une étude plus vaste, de reconstituer l’historique des syndicats qui composent la F.E.N., a souhaité obtenir, à ce titre, une contribution du Syndicat des Inspecteurs de l’Education Nationale.
        Sur la proposition de Michel Le Bohec, une équipe s’est donc constituée. Elle réunissait d’anciens Secrétaires généraux (A. Guillot, M. Moisan, J. Tétard, M. Marucelli) et d’anciens animateurs des commissions corporative et pédagogique (J. Buisson, M. Cruchet, M. Luc, J.-Cl. Mitéran). Au fil des mois, plusieurs réunions du groupe, animé, sur proposition de ses membres, par J.-Cl. Mitéran chargé de la coordination des travaux et de leur présentation finale, ont permis d’explorer différents domaines de l’action syndicale, plus particulièrement de 1945 à 1993, les participants ayant décidé de limiter leur étude à l’historique du seul SNIDEN. Pour y faire suite, une actualisation du propos, du congrès de Strasbourg - préparatoire à la transformation du syndicat par regroupement des SNIDEN, SNIET et SNIIO - jusqu’à nos jours, a été demandée à l’équipe constitutive de l’actuel Bureau National du SI.EN-FEN.
        A travers l’étude des archives et les témoignages, les membres du groupe se sont donc répartis les domaines de recherche. Chacun de ceux-ci a fait, ensuite, l’objet d’une synthèse écrite, proposée et discutée en réunion plénière.
        C’est ainsi qu’Albert Guillot et Jean-Claude Mitéran ont traité de l’histoire du syndicat, depuis la création, en 1929, du " Syndicat des Inspecteurs de l’Enseignement primaire de France et des Colonies " jusqu’au congrès de Créteil (1997) consacrant la naissance du Syndicat de l’Inspection.
        Jean Tétard a relevé les engagements et les combats pour la défense de la laïcité, ainsi que les relations entre le SNIDEN et la FEN. Liant l’évolution du syndicat à celle de la Fonction publique - pour en constater les trop fréquents écarts - Jean Buisson et Michel Cruchet, ont retracé les luttes corporatives et précisé les acquis, toujours insuffisants mais toujours obtenus grâce à la mobilisation de chacun au sein de notre syndicat. Michel Moisan et Michel Luc, enfin, ont étudié la formation des inspecteurs dans la perspective plus large de la formation initiale et continue des personnels de l’Education nationale développée dans les nombreux écrits produits, notamment de 1968 à 1985, par la commission pédagogique du SNIDEN.
        C’est à Michel Marucelli, actuel membre du Bureau du SI.EN-FEN, qu’est revenue la tâche de compléter l’étude, de 1993 à nos jours.
        Ces textes feront peut-être, ultérieurement, l’objet d’une publication, au moins pour servir à l’information des futurs collègues. En l’attente, et sous une forme évidemment allégée, les résultats de l’étude ont été présentés, oralement, le 10 mars 1999 au siège du Centre Henri Aigueperse, en présence des co-auteurs et de Patrick Roumagnac, Secrétaire Général par intérim du SI.EN-FEN. Ont également participé au débat qui a suivi, Guy Le Néouannic, Jean-Paul Roux, Secrétaire Général de la FEN, ainsi qu’un certain nombre de personnalités dont Jean Deygout, IG et ancien Directeur au ministère qui, de par ses fonctions, fut longtemps un interlocuteur privilégié du SNIDEN.
        Reprenant, très partiellement, l’introduction à la présentation du texte, nous redirons ici que " le Syndicat des Inspecteurs de l’Education Nationale reste le syndicat le plus représentatif des I.E.N.
            - parce qu’il a toujours réussi à surmonter en son sein les tendances,
            - parce qu’il a pris toute sa part dans la défense de la laïcité,
            - parce qu’il n’a jamais renoncé à obtenir le rattrapage d’un déclassement constaté
            - et parce qu’il s’est largement impliqué dans l’évolution pédagogique. "


Version intégrale du document (1929-1999 Du Syndicat des Inspecteurs Primaires de France et des Colonies... au Syndicat de l'Inspection)

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