Dehaene W

La récente déclaration de Stanislas Dehaene à la presse selon laquelle : "Il faut convaincre les inspecteurs et les enseignants de l’intérêt des évaluations CP et CE1" ne peut que nous surprendre… ou nous désoler !

 

Comment les inspecteurs pourraient-ils négliger l'évaluation qui est le coeur de leur métier ?

Si nous prenons le côté positif de l'assertion de Stanislas Dehaene, nous serions amenés à souscrire à ce souci de convaincre plutôt que d’imposer, cependant la teneur des propos qui suivent a, tout de même, un caractère inquiétant. Quand l’auteur déclare « Le site Eduscol explique comment et pourquoi faire passer ces tests, mais trop peu d’enseignants l’ont consulté », on est surpris de voir qu’un scientifique reconnu comme lui ne s’interroge pas davantage sur cette non-consultation (qui serait en outre à vérifier…) au lieu de s’en tenir à une critique du comportement des enseignants.

Rassurons-nous cependant, puisqu’il continue en déclarant : « Il n’y a rien de prescriptif pour les enseignants, qui gardent leur créativité pédagogique. Nous leur donnons seulement quelques principes et des outils »… Rien de prescriptif, en effet !

Mais revenons sur la situation des inspecteurs. Il y aurait donc nécessité à les convaincre de l’intérêt des évaluations nationales. Là, on croit rêver ! Les inspecteurs n’ont jamais cessé de s’appuyer sur les résultats d’évaluations, nationales ou locales, pour aider les enseignants à développer un regard réflexif sur leurs pratiques et pour les amener à élaborer des démarches ou des stratégies contribuant à une meilleure réussite pour tous les élèves. C’est le cœur de notre travail et il est assez désolant que le président du conseil scientifique de l’Éducation nationale émette un doute sur cette évidence.

Une fois encore, malheureusement, le médiatique prend le pas sur le scientifique et les assertions brutales remplacent la réflexion objective sur le fonctionnement de notre système éducatif.

Dans une telle situation, nous pourrions, bien sûr, nous fâcher ou nous draper dans une indifférence hostile, mais ce n’est pas la démarche de notre organisation syndicale, aussi allons-nous proposer au président du CSEN une rencontre pour faire le point sur les engagements réels des inspecteurs et sur leurs observations concrètes sur les difficultés rencontrées par les enseignants, difficultés qui ne sont pas que de l’ordre du cognitif, les élèves n’étant pas des « machines à apprendre », mais des individus insérés dans des contextes trop souvent négligés.

Comme toujours, nous engageons nos lecteurs à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. sur ce qu’il semble nécessaire de faire percevoir au CSEN. Les contributions seront publiées ci-dessous.