Le 18 décembre dernier, le SI.EN UNSA a participé à un temps de concertation initiée par le ministère et portant sur les évolutions envisagées à propos du déroulement des épreuves du CAFIPEMF. Il s’agissait d’une première réunion pilotée par la DGRH et la DGESCO.
Le CAFIPEMF, quelles évolutions ?
La situation actuelle
Aujourd’hui, le CAFIPEMF s’obtient en deux ans au minimum, après des épreuves d’admissibilité et admission séparées d’une année. Au cours de l’année 1, le candidat peut bénéficier de formations afin de découvrir la fonction (entre 3 et 5 jours) . Ce diplôme professionnel permet aux professeurs des écoles de devenir maître-formateur ou conseiller pédagogique. Il peut être obtenu avec ou sans option. Il faut justifier de cinq années d’ancienneté en titulaire pour présenter sa candidature.
Le nouveau décret prévoit une réduction à trois ans d’exercice comme titulaire pour « candidater ». La nomination sur poste de formateur ou de conseiller pédagogique ne requiert plus l’avis de la CAPD.
Le nouvel arrêté refonde en grande partie les épreuves de l’examen, ainsi que leur « temporalité ». Elles se déroulent toutes sur une seule année. Préalablement, un an avant les épreuves, le candidat informe de son intention l’IEN dont il dépend. Celui-ci engage une « visite-conseils ». Un rapport sera annexé à la candidature. Avant les épreuves, le candidat bénéficiera de cinq semaines de formation non consécutives dont deux semaines de pratique accompagnée avec un maitre-formateur ou un conseiller pédagogique et deux semaines de formation en académie. Une convention avec l’INSPÉ pourra permettre d’articuler la candidature à la recherche en éducation.
L’examen est organisé en deux épreuves : une séance en classe (45 mn), en mathématiques ou en français, en présence de la commission du jury et suivie d’un entretien avec les membres de cette commission afin d’analyser la pratique. Un mois plus tard, le candidat devra observer en classe les pratiques d’un professeur des écoles en compagnie des membres du jury. Il analysera la prestation observée (30mn) sous le regard du Jury. Il établira un rapport de visite et disposera de deux semaines pour le transmettre au Jury. Suivra un entretien de soixante minutes avec le Jury sur le rapport et la séance observée, le tout dans un délai de quatre semaines. La certification ou l’échec sont ensuite prononcés. Troisans plus tard, après avoir exercé les fonctions de formateur, une spécialisation est accessible : maternelle, éducation musicale, EPS, Numérique, Arts visuels, langues vivantes. L’épreuve deux est alors présentée sur la discipline de spécialisation)
Notre analyse
L’examen est concentré sur un temps plus court, ceci pour répondre à l’inquiétante pénurie de personnels disposant de la certification CAFIPEMF. Cette désaffection est probablement imputable à des épreuves actuellement organisées sur deux ans et devenues très réflexives, en conformité avec la « masterisation des PE ». Les INSPÉ ont souvent proposé un DU préparer les épreuves. Ces dispositions élevaient le niveau des candidats mais elles rebutaient beaucoup d’entre eux, ceci en raison du travail supplémentaire, en plus du travail ordinaire du professeur des écoles dans sa classe. Avec cette nouvelle mouture disparait le travail d’écriture longue, qui permettait la réflexion tout en encourageant « un effort de problématisation », et des lectures permettant de documenter le sujet de mémoire. Conséquence : les nouveaux certifiés pourront rester des praticiens experts de leur pratique, de bons « techniciens » mais ne seront pas encouragés à la confronter à d’autres, ni à la Recherche en éducation. L’examen est recentré sur les disciplines fondamentales français et maths. Si ceci est cohérent avec la politique éducative déployée par le Ministère pour le premier degré, cela s’avère contrariant dans la mesure où le professeur des écoles est toujours un enseignant polyvalent… Dans ces conditions, un formateur ne sera jamais jugé ou évalué sur sa capacité à analyser une séance d’histoire, de sciences, d’éducation physique, d’éducation musicale ! On pourra saluer l’augmentation de la période de formation ante-examen qui serait étendue à cinq semaines. Le SI.EN-UNSA constate que les nouvelles modalités envisagées pour le CAFIPEMF pourraient conforter le recrutement de plus de formateurs dans une situation où les besoins non satisfaits sont réels et vont probablement s’intensifier dans le contexte de la réforme des INSPÉ. Aujourd’hui, le CAFIPEMF est souvent obtenu entre 40 et 50 ans. Un rajeunissement des candidatures semble souhaitable. Quant à la disparition de l’écrit réflexif (mémoire de CAFIPEMF), il faut probablement considérer que les jeunes enseignants sont titulaires d’un master 2, et qu’ils ont donc déjà fait preuve de cette capacité. On pourrait certes craindre une dérive du CAFIPEMF vers une technicité accrue. C’est un CAFIPEMF allégé qui s’annonce, faut-il le regretter ?
Au-delà de l’abandon du mémoire, se posent encore différentes questions concernant notamment le recours à une notation chiffrée et non à une évaluation par compétences, la constitution des commissions du jury (deux ou trois membres incluant un pair).
Une nouvelle réunion sera prochainement organisée. Le SI.EN-UNSA vous y représentera. Un compte rendu sera établi et publié sur notre site Internet.
Les réactions
Je viens de lire l’article sur le CAFIPEMF. Je suis plutôt satisfaite de voir à nouveau apparaître la séance en classe qui manquait considérablement, d'autant que l'avis de l'IEN n'était pas requis. Ce dernier ne faisait plus non plus partie du jury, ce qui est, à mon sens, une ineptie (cf. le CAPPEI où nous sommes présents). Qui mieux que l'IEN connait l'enseignant ? Le problème, comme pour la formation des PE d'ailleurs, est le manque de formation didactique, même s’ils suivent un cursus universitaire en parallèle. Trop souvent, les références théoriques font défaut ! On risque de faire des conseillers des exécutants, des utilisateurs d'outils, au lieu de les inciter à inventer, à creuser, à oser... problème qui semble du reste caractéristique pour tous les échelons au sein de notre institution ! Enfin, si nous avons un problème de recrutement des EMF et encore plus des CPC, se pose là la question de l’attractivité ! Il est urgent que les syndicats enseignants s'en emparent. Financièrement, il vaut mieux être directeur en REP + que CPC ! Le MENJS devrait se poser des questions… Il faudra aussi sans aucun doute rappeler la nécessité d'afficher les postes de CPC comme poste à profil. C'est indispensable par rapport à nos territoires. |