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A l'issue de la visioconférence que nous avons tenue hier et qui fera très rapidement l'objet d'un compte-rendu détaillé sur notre site, il convennait de faire clairement entendre au ministre le mal-être croissant des inspectrices et des inspecteurs.

Inspectrices et inspecteurs, du malaise au mal-être

Le Conseil supérieur de l'éducation constituait donc pour nous une tribune pertinente pour faire entendre la voix des inspectrices et des inspecteurs. Vous pourrez en prendre connaissance ci-dessous. Les murmures et les messages sympathiques des autres membres du CSE, comme l'étonnement visible sur les visages de ceux qui occupaient l'estrade, montrent que nous avons atteint notre premier objectif : faire entendre au ministre l'exaspération de ses cadres. Bien évidemment, ceci ne constitue qu'une première étape. Elle sera suivie d'un communiqué de presse. A l'issue de cette phase de sensibilisation, des actions plus dures seront engagées par notre syndicat si nous ne sommes pas écoutés.

Déclaration préalable du SI.EN UNSA au CSE du 26 janvier 2023

 

Monsieur le Ministre… qui n’est pas là, mais à qui Monsieur le président du CSE transmettra fidèlement ces propos, ce dont je le remercie par avance…

 

Le SI.EN UNSA n’intervient que rarement dans le cadre des déclarations préalables, mais, au lendemain d’un échange avec les responsables académiques de notre organisation, je tenais à vous faire entendre le profond désarroi des inspecteurs, lequel commence dans plusieurs territoires à se muer en colère.

 

Un peu partout et dans toutes leurs spécialités professionnelles, les inspectrices et les inspecteurs s’interrogent aujourd’hui sur le sens de leur métier. Souvent, même, ils nous disent ne plus le trouver, ne plus le comprendre ou ne plus l’accepter. Certains nous interrogent même sur les conditions dans lesquelles ils pourraient quitter des missions où ils ont la sensation de ne plus faire ce pour quoi ils sont devenus inspecteurs.

 

Le malaise est profond ; il ressemble de plus en plus à un mal-être, à une souffrance diffuse qui commence à produire des effets en termes de départ de collègues en congé de maladie imputable au service. Déjà en 2016, une étude réalisée par Georges Fotinos et Mario Horenstein avait mis en évidence le caractère alarmant de la situation, ce qui avait provoqué un réel émoi au sein du ministère, émoi malheureusement bien vite oublié… Aujourd’hui, une réactualisation des données de cette étude montrerait à coup sûr un aggravement des dérives identifiées.

 

Qu’est-ce qui justifie une telle tension ?

 

Il faut tout d’abord rappeler que la mission centrale des inspectrices et des inspecteurs est l’accompagnement des équipes pédagogiques afin de les aider à mettre en œuvre les actions au service d’une meilleure réussite de tous les élèves, pas d’exercer sur elles un contrôle tatillon qui inhibe les initiatives au lieu de les encourager. C’est en tout état de cause ce que nous voudrions croire, mais qu’en est-il en réalité ? Aujourd’hui, une priorité chasse l’autre sans qu’il ne soit jamais possible d’aller jusqu’au bout du travail accompli. Nous avons l’impression de mettre les équipes pédagogiques en tension permanente sans que cela produise le moindre effet utile pour les élèves. Les réformes ou les mesures dont nous devons assurer la promotion plus que la compréhension, se traduisent systématiquement par l’urgence de faire remonter des chiffres, aussi flatteurs qu’illusoires ! La question que nous pose notre hiérarchie locale n’est jamais « comment ? » ou « avec quel effet ? », mais « combien ? »… Combien de constellations dans le cadre du plan mathématiques ou du plan français, combien de projets Phare, combien d’écoles prêtes à dire qu’elles sont prêtes à réfléchir à l’intérêt de ne pas rejeter « Notre école, faisons-la ensemble », combien d’enseignants de telle ou telle spécialité de l’enseignement professionnel prêts à adhérer à la réforme, combien d’écoles ou d’établissement ont été évalués ?...

 

Nous ne nions pas, bien au contraire, le bien-fondé de ces actions, mais nous disons clairement qu’il faut nous laisser le temps de les instiller au sein du système éducatif. C’est dans un climat de confiance que l’école progresse, pas dans le stress et l’agitation qui amène chaque acteur à simuler pour se protéger. Mais le temps est ce qui nous manque le plus. Tout doit être traité dans l’urgence et, par inquiétude souvent ou par malveillance parfois, la hiérarchie locale presse les inspectrices et les inspecteurs de produire des chiffres, rapidement assimilés à des résultats, ce qui est pourtant loin d’être vrai !

 

Le temps de l’administration n’est manifestement pas le même que celui des acteurs de terrain auprès desquels nous travaillons au quotidien. Toujours plus vite… Enfin, « toujours », pas vraiment. L’administration centrale sait manifestement prendre son temps quand il convient d’analyser les conditions de travail des inspectrices et des inspecteurs. Depuis deux ans et six mois nos collègues d’un département maritime et normand ont dénoncé des propos infamants dont ils ont été les victimes. Certains ont préféré quitter ce département ou ont même anticipé leur départ en retraite. Depuis plus de six mois, une enquête interne a été diligentée, mais n’a produit aucun effet jusqu’alors. Au fil du temps, cinq collègues, soit plus du tiers des inspecteurs du département sont partis en congé de maladie imputable au service… Le temps passe et aucune évolution n’apparaît avec une hiérarchie dont le positionnement oscille entre mépris et indifférence.

 

Cette souffrance professionnelle est loin malheureusement d’être exceptionnelle. Nous pourrions évoquer bien d’autres lieux où des tensions incroyables apparaissent. Nous ne manquerons pas de le faire dans un autre cadre. Nous pourrions aussi évoquer l’arbitraire trop fréquent dans les décisions qui nous sont appliquées, comme ce fut le cas pour la répartition dans les trois groupes du RIFSEEP dans une académie du Centre-Ouest, par exemple. Après de multiples interventions, la rectrice a accepté de mettre en place un groupe de travail qui a validé des critères… dont Madame la rectrice s’est immédiatement affranchie !

 

Je terminerai mon triste propos en évoquant une situation qui crée une grande frustration chez les inspectrices et les inspecteurs : les quotas dans le cadre des PPCR. Il est de notre responsabilité et, nous osons le croire, de nos compétences d’évaluer le travail des enseignants. Dire que les conditions de cette évaluation dans le cadre du PPCR nous satisfait totalement serait très excessif, mais le plus inacceptable pour nous est de recevoir de notre hiérarchie des instructions pour modifier nos appréciations afin de nous conformer au quota de promotions possibles. Cette exigence administrative des quotas peut se comprendre, mais il est inacceptable que la légitimité des décisions prises en matière de promotion soit fondée sur un mensonge aussi humiliant pour les enseignants que pour les inspecteurs.

 

Vous avez écouté ce que les inspectrices et les inspecteurs souhaitaient vous et je vous en remercie. Si en plus vous l’avez entendu, nul doute qu’a minima un peu de confiance et de respect mutuels pourraient améliorer la situation…*

 

* Dans sa réponse aux interventions liminaires, le DGESCO a signalé qu'il avait non seulement écouté et entendu, mais aussi enregistré nos propos ! A suivre, donc...

 

 

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